Jérôme Choquette, ministre québécois de la Justice durant la crise d'Octobre, a été radié provisoirement du Barreau du Québec. Il avait reçu la Médaille du Barreau de Montréal il y a trois ans.

Dans sa quête pour faire annuler deux jugements, il est allé jusqu'à accuser les avocats de la partie adverse d'avoir tué un témoin et falsifié la preuve, selon le Conseil de discipline. Il a aussi allégué que les juges avaient comploté pour «aligner» leurs jugements.

M. Choquette, 84 ans, a fait l'objet de deux plaintes disciplinaires en 2012, ses premières en carrière. Le Conseil de discipline du Barreau a jugé que la gravité des faits reprochés et la preuve sommaire justifiaient de le radier provisoirement dès maintenant, même si la décision de culpabilité n'a pas encore été rendue. Les reproches «portent atteinte à la raison d'être de la profession d'avocat», selon le Conseil, qui a rendu sa décision le 12 septembre.

Les plaintes disciplinaires ont été déposées après une nouvelle tentative de M. Choquette de faire annuler deux jugements de 2005 et de 2007, avec une requête déposée en Cour supérieure l'an dernier. Il a notamment accusé les avocats de la partie adverse d'avoir «détruit, falsifié, fabriqué ou vendu de la preuve, acheté des informations confidentielles, acheté ou forcé des témoins à mentir et assassiné un témoin», selon le texte de la décision disciplinaire.

Au coeur de ce feuilleton se trouvent deux jugements qui ont pris des allures de croisade pour l'ex-politicien libéral, membre du Barreau depuis 1948. En 2005, un juge de la Cour supérieure a conclu qu'une entreprise de textile représentée par M. Choquette avait fait des réclamations frauduleuses contre son assureur pour un incendie survenu en 1991. Un cas similaire, mettant en cause la même famille, a reçu un verdict semblable deux ans plus tard.

Tous ses appels à la Cour d'appel et à la Cour suprême ont été rejetés.