La Dre Marie-Josée Berthiaume soutient n'avoir jamais eu de mauvaises intentions en signalant à un collègue une erreur d'interprétation en radiologie, un épisode central dans le litige judiciaire qui touche le service de radiologie de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.

«Je fais ça par courtoisie [...]. Je fais ça parce que je pense que c'est important de démontrer les erreurs; je fais ça parce que j'aimerais ça qu'on me le fasse aussi», a dit la Dre Berthiaume, hier, au troisième jour du procès qui l'oppose aux 12 autres radiologistes de son service.

«Je n'ai jamais eu de mauvais commentaires par rapport à cette façon de fonctionner», a ajouté la conjointe du Dr Gaétan Barrette. «Jusqu'alors...», a ajouté le juge Marc-André Blanchard.

Dans sa poursuite de 250 000$, Marie-Josée Berthiaume soutient qu'elle est victime de «harcèlement» depuis qu'elle a signalé des erreurs de lectures radiologiques à ses collègues, au printemps 2009. Ceux-ci, qui lui réclament 170 000$, se plaignent pour leur part de son comportement individualiste et dénigrant.

La Dre Berthiaume a relaté en détail l'épisode houleux avec son collègue Stéphane Carignan. En mai 2009, elle a relevé la présence d'une métastase sur un scan qui avait précédemment été analysé par le Dr Carignan. Elle lui a envoyé une copie conforme du dossier sur laquelle elle a souligné ses erreurs.

Deux mois plus tard, la Dre Berthiaume a reçu une note manuscrite du Dr Carignan. La note était agrafée à un dossier lié à une erreur de lecture qu'elle avait elle-même faite en décembre 2008. «Ta façon de rédiger les rapports est INACCEPTABLE», lui aurait écrit le Dr Carignan.

Marie-Josée Berthiaume est allée le voir à son bureau, lui demandant pourquoi il avait un «comportement immature». Le Dr Carignan l'aurait alors traitée de «grande tabarnak» et lui aurait dit: «Toi pis ton gros criss de tabarnak de chum, considérez-vous surveillés.» La Dre Berthiaume a refoulé un sanglot lorsqu'elle a cité les paroles qu'elle attribue à son collègue.

En septembre 2009, le Dr Robert Filion, alors chef du service de radiologie, a convoqué la Dre Berthiaume. Il lui aurait alors annoncé qu'elle n'était plus associée de la SORAD, un regroupement qui réunit tous les radiologistes, et qui gère l'organisation de travail et la distribution des salaires.

Pas de harcèlement?

Plus tôt dans la journée, l'avocat du groupe de médecins, Me Éric Lefebvre, a évoqué l'existence d'un rapport produit cette année par une consultante en ressources humaines chargée par l'hôpital d'évaluer le climat de travail au service de radiologie.

Appelé à la barre des témoins en matinée, le directeur des services professionnels de l'hôpital, le Dr Francis Méthot, a indiqué que le rapport conclut qu'il n'y a pas de harcèlement dans le service et que la consultante, Frema Engel, parlerait plutôt d'un «manque d'élégance dans les communications entre certains membres, particulièrement certains radiologistes», a-t-il mentionné, sans toutefois nommer qui que ce soit.

Mme Engel a recommandé à l'hôpital d'établir des règlements pour définir clairement les tâches au service de radiologie. Le Dr Méthot a indiqué que la direction de l'hôpital prévoyait déjà établir de tels règlements. Mais avec le procès actuel, la situation n'est toutefois «pas simple», a-t-il convenu.