Trois élèves de l'école secondaire Jacques-Rousseau, à Longueuil, ont semé la panique avant d'être arrêtés en possession d'un pistolet à air comprimé, possiblement une arme de paintball que son propriétaire désirait vendre.

«Un gars a pointé son arme sur des gens qui fumaient dehors, il est entré. Les élèves sont enfermés dans une classe, c'est la panique, tout le monde pleure», a raconté la soeur d'une élève de cinquième secondaire.

C'était vers 9h30, et la police a aussitôt été alertée.

Rapidement, un important déploiement policier s'est mis en place autour de l'école. Conformément à un protocole d'intervention baptisé lockdown, les élèves ont été confinés dans leurs salles de cours, lumières éteintes, et les portes ont été verrouillées, a expliqué la capitaine Nancy Colagiacomo de la police de Longueuil.

Les policiers ont alors pénétré dans l'école pour la passer au peigne fin.

Pendant l'opération, une élève a été transportée à l'hôpital en ambulance, en proie à un violent choc nerveux.

Prévenus par message texte par des élèves, des dizaines de parents et de proches ont accouru sur les lieux, à l'angle des rues de Gentilly Est et d'Auvergne. Plusieurs étaient en communication constante avec leur enfant, frère ou soeur. Ce qui en a rassuré certains a aussi eu l'effet pervers, par l'insidieux jeu du téléphone arabe, de propager toutes sortes de rumeurs alarmantes.

Il a été dit que le jeune avait plusieurs armes sur lui. Qu'il avait un couteau. Qu'il était au troisième étage, puis au deuxième. Même que des coups de feu avaient été tirés. Tout cela était faux.

«Couche-toi par terre, les policiers vont vous faire sortir», a lancé en sanglotant une mère à son enfant.

«Ma fille m'a contactée vers 10 h pour me dire qu'il y avait quelqu'un d'armé dans l'école. J'ai paniqué un peu. Je lui ai simplement dit ce qu'on connaît: tiens-toi le long d'un mur, barricadez-vous, barrez les portes. J'ai accouru ici. Elle me dit qu'ils se sont cachés, qu'ils ont fermé les lumières, qu'elle ne savait pas si c'était un jeune ou un ancien élève. Ils sont calmes», a raconté Kathleen Harvey, mère de Félicia, qui est en cinquième secondaire.

Environ une heure et demie plus tard, les policiers ont finalement arrêté trois élèves de 16 ans. L'arme aurait été trouvée dans le casier de l'un d'eux.

La rumeur s'est propagée rapidement parmi les quelques centaines de parents qui attendaient le passage des trois voitures de police à la sortie du stationnement de l'école.

Les insultes de toutes sortes ont fusé alors que certains tapaient même sur les voitures, dans lesquelles les trois jeunes, menottes aux poignets, cachaient leur visage sous des vêtements.  

«Le pire, c'est qu'ils vont n'avoir qu'une tape sur les doigts», a tempêté un père.

«Faudrait qu'ils nous les laissent quelques minutes, ça aurait plus d'effet. Ou qu'ils les envoient dans une prison d'adultes», a renchéri un autre.

Quelques minutes plus tard, un agent de la police de Longueuil affecté à la prévention dans cette école et un dirigeant de la commission scolaire ont rencontré les parents pour leur expliquer ce qui s'était passé.

L'agent a confirmé qu'un pistolet à air comprimé avait été saisi, qu'aucun projectile n'avait été tiré et qu'on ne connaissait pas les intentions des jeunes qui en avaient la possession. La police de Longueuil recommandera au Directeur des poursuites criminelles et pénales que des accusations de méfait soient portées contre le trio devant le tribunal de la jeunesse.

Les cours sont suspendus pour la journée à Jacques-Rousseau, a annoncé la commission scolaire, et des services d'aide psychologique seront offerts aux élèves.

Quand les élèves ont finalement obtenu le droit de sortir de l'établissement, leur arrivée a donné lieu à des scènes hautement émotives. Des parents morts d'inquiétude étreignaient leurs enfants en pleurant, d'autres reprochaient à leur progéniture de ne pas avoir donné de nouvelles par texto... Certains élèves étaient visiblement choqués alors que d'autres semblaient apprécier la montée d'adrénaline provoquée par l'incident matinal.

«J'ai eu trop peur!», a lancé une mère à son fils en le serrant dans ses bras.

«Au départ, quand on a eu le code blanc (personne armée dans l'école), tout le monde a paniqué, mais ça s'est calmé», a raconté une élève.

«Les policiers armés sont entrés dans la classe pour arrêter le gars», a dit un autre avec enthousiasme.

«Nous nous sommes réfugiés dans la chambre noire et y sommes restés pendant trois heures», raconte une étudiante qui était alors en cours d'art plastique.

Un petit groupe d'élèves qui disent connaître celui qui avait l'arme en sa possession le décrivent comme un adepte de paintball. Il aurait apporté son arme à l'école pour la montrer à quelqu'un à qui il voulait la vendre, ou pour la remettre à son propriétaire, selon eux.

«Son erreur aura été de la pointer vers les fumeurs. Il voulait niaiser, mais ce n'était pas fort», a déclaré une adolescente.

La police ne peut confirmer s'il s'agit d'une arme de paintball ou d'une carabine à plombs. Le directeur de la commission scolaire Marie-Victorin a indiqué que les trois jeunes suspects, élèves de cinquième secondaire, ne sont pas des cas problèmes. Il ne sait encore comment ils seront sanctionnés.

C'est le deuxième incident similaire en quelques mois sur le territoire de la police de Longueuil.

Au printemps, des élèves de l'école secondaire de Mortagne, à Boucherville, avaient causé le même émoi lorsqu'ils s'étaient présentés à l'école en exhibant des armes jouets qui avaient en tout point l'air de vraies. Ils ont été accusés eux aussi.

Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse

Les policiers de Longueuil ont sécurisé le périmètre de l'école secondaire Jacques-Rousseau après un appel disant qu'il y avait un homme armé.