L'ex-douanière Nancy Cedeno pourra profiter en partie de l'aide juridique, pour se défendre à son deuxième procès pour complot d'importation de cocaïne, en lien avec le crime organisé. Mais elle devra s'habiller de façon «plus convenable».

Cette dernière remarque, la juge Marie-Josée Di Lallo l'a glissée à la fin de la séance, jeudi. Mme Cedeno, 37 ans, portait alors un jeans moulant, des chaussures à talons aiguilles et un haut sans manche au décolleté plongeant.

Mme Cedeno, qui travaillait comme douanière à l'aéroport Montréal-Trudeau, a été arrêtée en 2006, lors de la frappe Colisée qui visait la mafia. On lui reprochait d'avoir estampillé des cartes pour des personnes qui transportaient de la cocaïne, leur évitant ainsi d'être fouillés. Au terme de son procès, elle a été déclarée coupable de corruption, mais a été acquittée pour trois accusations de complot. La Couronne a fait appel et la Cour d'appel a ordonné la tenue d'un nouveau procès, en raison d'erreur de droit sur la notion d'aveuglement volontaire.

Depuis plus de six ans, Mme Cedeno reçoit des prestations d'invalidité de 36 000$ nets par année. C'est le double du plafond admis par le régime d'aide juridique pour une mère avec deux enfants. Elle a pu payer son avocat (22 000$), lors du premier procès. Mais maintenant, elle se dit endettée et «réduite à manger du Kraft Dinner» à la fin du mois. L'aide juridique lui a été refusée. En dernier recours, elle s'est adressée à la juge Di Lallo, devant qui elle doit être jugée.

Le procès doit durer seulement 13 jours, ce qui n'est pas «un méga procès», a reconnu la magistrate. Celle-ci a néanmoins retenu certains des arguments avancés par l'avocat de l'accusée, Robert Bellefeuille. Parmi eux: le fait que les accusations sont sérieuses, qu'il y a des notions complexes et que Mme Cedeno ne pourrait se représenter elle-même. Après avoir regardé le budget de Mme Cedeno, la juge Di Lallo croit que l'accusée est en mesure d'assumer une partie de ses frais d'avocat, si elle «compresse ses dépenses». Le reste devra être couvert par le régime d'aide juridique. La somme n'est cependant pas déterminée et doit être discutée.

La juge Di Lallo a suspendu le processus, d'ici à ce que se règle la question des frais d'avocats. Les parties se représenteront devant elle le 24 septembre pour faire le point.

Les avocats des deux parties semblaient un peu perplexes devant cette décision, qui coupe la poire en deux. Elle pourrait d'ailleurs faire l'objet d'un appel. C'est à suivre.