Deux vétérans trônant aux plus hauts échelons de la grande famille des gangs «rouges» de Montréal ont été tués coup sur coup ce week-end: le chef historique du gang des Bo-Gars a d'abord été éliminé aux Galeries d'Anjou, suivi quelques heures plus tard d'un cousin du caïd Ducarme Joseph abattu à Laval.

Le chef des Bo-Gars, Chénier Dupuy, 36 ans, se trouvait dans un véhicule utilitaire sport, près du restaurant Bâton Rouge des Galeries d'Ajou, lorsque les coups de feu ont éclaté vendredi soir. Il était en libération conditionnelle à la suite d'une histoire de drogue, la dernière d'une interminable série d'antécédents judiciaires.

Dupuy, qui régnait avec les Bo-Gars sur le territoire de Montréal-Nord, avait des contacts avec d'autres joueurs importants du crime organisé et même de la mafia italienne.

Quelques heures plus tard, à Laval, un autre vétéran des gangs de rue, allié aux rouges, a été lui aussi abattu lorsqu'il a stationné sa rutilante Audi A8 devant l'appartement qu'il occupe avec sa conjointe et leurs deux enfants.

Lamartine Sévère Paul, alias «Polo», 42 ans, était un cousin du caïd Ducarme Joseph, dont il était un proche collaborateur selon la police. Il est connu pour avoir joué dans les «ligues majeures» et s'être fait beaucoup d'ennemis. Selon des documents judiciaires préparés par la police de Montréal, il aurait amassé beaucoup d'argent grâce à la vente de drogue, le proxénétisme et le recouvrement de dettes pour les prêteurs usuraires.

«Polo» connaît bien Chénier Dupuy, et les enquêteurs se doutent qu'il existe en lien entre les deux meurtres, mais il est impossible pour l'instant de déterminer d'où vient l'attaque.

Chose certaine, la police sera sur ses gardes au cours des prochains jours, au cas où les rouges se lanceraient dans des représailles.

«Pendant des années, on disait que les Bo-Gars, c'étaient comme l'équivalent des Rock Machine (gang de motards impliqué dans une guerre sanglante contre les Hells Angels pendant les années 1990). Ils étaient moins nombreux et moins organisés, mais ils compensaient en étant plus violents», a confié à La Presse une source bien au fait du dossier.

Photo: archives La Presse

Chénier Dupuy