Une possible trafiquante internationale de cocaïne arrêtée et détenue par les autorités canadiennes se bat actuellement contre une requête d'extradition vers l'Italie, en soutenant qu'il y a erreur sur la personne et qu'elle n'est pas la femme recherchée.

Les autorités italiennes ont demandé l'extradition de Yocelin Yeli Castellano Rubio, arrêtée en novembre dernier, activement recherchée dans le monde pour trafic de cocaïne. Mais un revirement de situation a eu lieu hier matin au palais de justice de Montréal. Son avocat a plaidé que la personne détenue n'est pas celle recherchée, mais plutôt Maria Altagracia Sena de Rodriguez.

«La personne qui est présente devant vous est Mme de Rodriguez», a indiqué Me Stéphane Handfield. «Au dossier d'extradition concernant la preuve d'identité, aucune comparaison de preuves digitales n'a été faite entre Mme de Rodriguez, devant vous, et la personne recherchée en Italie, soit Mme Yocelin Yeli Castellano Rubio», a-t-il ajouté. Ses propos étaient simultanément traduits du français vers l'espagnol pour sa cliente.

Dans sa plaidoirie, Me Handfield a misé sur un rapport d'expertise déposé en preuve qui serait loin de conclure que Mme de Rodriguez et Mme Rubio sont la même personne. Il a aussi soutenu qu'il n'y avait pas suffisance de preuve pour démontrer que sa cliente était mêlée à une affaire de trafic de cocaïne.

Pour établir le parallèle possible entre l'accusée et Mme Rubio, recherchée par la police, l'expert cité par Me Handfield a comparé une photo de famille de Mme de Rodriguez saisie à son domicile à Montréal, une ancienne photo de passeport de Mme Rubio et une image de filature que l'on croit être de Mme Rubio prise en 2005 à l'aéroport de Milan.

«L'expert en arrive à la conclusion qu'il y a compatibilités partielles» entre la photo de celle qui s'identifie comme Mme de Rodriguez et la personne recherchée par les autorités italiennes, ce qui n'est pas suffisant, a plaidé Me Handfield. Il a conclu en demandant la libération de sa cliente.

Présente au procès, l'accusée est restée calme et a écouté attentivement les plaidoiries. Elle était muette et a parlé une seule fois à son avocat, sauf quand celui-ci lui a demandé pourquoi elle ne restait pas assise, lorsque Me Constantina Antonopoulos, procureur de la Couronne italienne, commençait sa plaidoirie. L'accusée semblait alors très attentive à ce qui était dit contre elle, restant debout, très près de la barrière la séparant du reste de la salle.

Contrairement à l'avocat de la défense, qui a longuement insisté pour nommer sa cliente Mme de Rodriguez, Me Antonopoulous a étayé sa requête en se référant uniquement à Yocelin Yeli Castellano Rubio, qui avait les yeux rivés vers elle.

Tout en conservant les accusations de trafic de cocaïne, Me Antonopoulous a demandé qu'on ajoute l'accusation de complot pour importation de cocaïne.

Le numéro de cellulaire de l'accusée aurait été trouvé chez des mules qui participaient à l'importation de cocaïne. Le pseudonyme Nancy, utilisé par celle qui est recherchée par les autorités italiennes, aurait aussi été trouvé sur les passeurs.

«L'existence du complot est établie par cinq importations de cocaïne, interceptées par la police italienne, impliquant chaque fois les mêmes personnes» auxquelles serait liée l'accusée, a affirmé Me Antonopoulos.

À ce sujet, Me Handfield a répliqué que le cellulaire de sa cliente avait pu être utilisé par son mari, mais que celle-ci n'était pas nécessairement impliquée dans l'affaire.

Le verdict ne sera pas connu avant vendredi, 15h. Les larmes coulant sur son visage, l'accusée a regardé son avocat qui se préparait à quitter la salle pour lui dire, d'une voix tremblante, «merci».