Le plus important promoteur d'arts martiaux mixtes à Montréal fait actuellement l'objet d'une enquête de la Sûreté du Québec (SQ), a appris La Presse. Les enquêteurs veulent entre autres s'assurer que Ringside MMA n'a pas été utilisé pour blanchir de l'argent.

La Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) attend le résultat de cette vérification avant de renouveler le permis de promotion de l'entreprise. Ringside se retrouve donc sans permis depuis avril et a dû annuler un gala le printemps dernier, laissant plusieurs combattants sur le carreau. L'organisation se dit victime de zèle et envisage même de cesser ses activités au Québec.

Une comptabilité déficiente

«Depuis la fin avril, je suis en discussion avec la Sûreté du Québec. Ils font une enquête sur l'entreprise et tous ses intervenants, de près ou de loin: bénévoles, commanditaires, employés, a expliqué hier le président de l'entreprise, Éric Champoux. Ils veulent savoir la date de fête, l'adresse, le poids, la couleur des shorts de tout le monde.»

«Ils veulent connaître la provenance des fonds, comment les commanditaires nous payent, qui sont les commanditaires, combien ils nous donnent par événement, qui est dans la structure d'entreprise», a affirmé le promoteur, qui jure ne rien avoir à se reprocher, mis à part, peut-être, une comptabilité déficiente.

Ce n'est pas la première fois que la Sûreté du Québec s'intéresse aux arts martiaux mixtes. Ce sport de combat connaît une forte croissance aux États-Unis, notamment grâce à l'organisation UFC. Légale depuis 1998 au Québec, la discipline a toutefois souffert dans la province de liens avec les motards criminels.

L'une des premières organisations d'arts martiaux mixtes au Québec a d'ailleurs perdu son droit d'exploitation en avril 2009. XMMA était «une organisation contrôlée par les Hells Angels», selon le témoignage, à l'époque, d'un sergent enquêteur de la SQ.

Dans ce cas-ci, celle-ci serait surtout intéressée par la provenance des fonds de Ringside, qui a organisé 13 événements dans les 3 dernières années, dont plusieurs au Centre Bell. Le hic, c'est que l'entreprise a maintenu une comptabilité déficiente. Son président assure qu'il ne s'agissait aucunement de blanchiment d'argent, mais plutôt du résultat d'une bête négligence.

«Pour moi, veux, veux pas, c'était un sideline, Ringside. On ne fait pas des milliards avec ça. Et c'est sûr que la tenue de livres qu'ils me demandent, ce n'est pas ce qu'on faisait. On faisait ça à la bonne franquette, sur un napkin, des fois», dit M. Champoux, avant d'ajouter: «les commanditaires payent tous en chèques, on fait des factures, on déclare nos revenus, on paye nos taxes.»

Déménagement possible

Le promoteur envisage d'interrompre sa collaboration avec la SQ. «Quand c'est rendu qu'on me demande les relevés du compte bancaire de ma femme, ça commence à être exagéré», dit-il. L'entreprise pourrait déménager en Ontario ou organiser des événements dans les réserves autochtones, dit-il.

La SQ a aussi pris contact avec l'autre principale organisation d'arts martiaux mixtes de la province. Instinct MMA a confirmé hier avoir dû répondre aux questions des enquêteurs au printemps au moment de renouveler son permis. Mais les policiers n'y ont de toute évidence rien trouvé d'intéressant, puisque la Régie le lui a accordé le 22 mai dernier.