Claudia Carbonneau, la procureure de la Couronne qui s'était fait connaître en menant le procès pour meurtre du cardiologue Guy Turcotte, a été arrêtée dimanche pour voies de fait armées, puis envoyée en évaluation psychiatrique.

Me Carbonneau a comparu brièvement en cour lundi pour être accusée en lien avec une histoire de violence étalée sur plusieurs mois.

Les accusations déposées en cour font état d'un événement de voie de fait en janvier dernier, d'un autre événement de voies de fait en mai, d'un événement de voies de fait armées survenu dimanche, d'un événement de méfait survenu dimanche et d'un épisode de conduite dangereuse survenu dimanche.

Pour éviter toute apparence de conflit d'intérêts, le Directeur des poursuites criminelles et pénales a chargé Dimitri Raymond, un avocat de la défense de Longueuil, d'agir à titre de procureur ad hoc pour la Couronne dans ce dossier.

Claudia Carbonneau, 45 ans, est restée dans le quartier de détention lors de sa comparution, lundi midi. Elle était apte à comparaître, mais le juge Gilles Garneau a accepté qu'elle ne soit pas amenée devant lui en raison de son état de santé.

Du palais de justice, Mme Carbonneau a été envoyée pour cinq jours en évaluation psychiatrique à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, l'hôpital où Guy Turcotte travaillait comme cardiologue.

Triste coïncidence, cette ordonnance d'évaluation vise à déterminer la responsabilité criminelle de l'accusée au moment des faits qu'on lui reproche. Mme Carbonneau est en congé de maladie depuis plusieurs mois.

Son avocat, Me Jean-Daniel Debkoski, a demandé et obtenu une ordonnance de non-publication sur les faits de la cause dès la comparution, même si aucune enquête sous cautionnement n'a été tenue.

Le sergent Benoît Richard, de la Sûreté du Québec, a toutefois pu confirmer à La Presse que ce sont d'abord les policiers de la régie intermunicipale de police Thérèse-de-Blainville qui ont dû intervenir dimanche à Sainte-Thérèse en lien avec cet événement.

«La procureure a été arrêtée et conduite au poste», dit-il.

Puisqu'une intervenante importante du système judiciaire était en cause, l'affaire a vite été transférée à la Sûreté du Québec. Le corps policier a redoublé de précautions vu la nature particulière du dossier.

«Comme elle est procureure et qu'elle a eu à travailler avec nos enquêteurs ici par le passé, l'enquête a été confiée à nos enquêteurs de la région de Trois-Rivières», explique le sergent Richard.

L'accusée est demeurée détenue pour le moment. Elle doit revenir en cour vendredi et tentera de reprendre sa liberté dans l'attente de son procès. Me Dimitri Raymond a annoncé qu'il allait s'opposer à la remise en liberté.

Le printemps dernier, la procureure Claudia Carbonneau avait eu la tâche difficile de représenter la poursuite dans le dossier du cardiologue Guy Turcotte.

L'affaire avait été très médiatisée et la pression était énorme sur les parties. Le procès s'était soldé par un verdict de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux. Me Carbonneau s'était montrée extrêmement déçue du verdict du jury.