Les manifestants arrêtés mardi pour avoir bloqué le pont Jacques-Cartier ont dû s'engager à respecter de sévères conditions avant d'être mis en liberté hier.

Dans l'attente de leur procès, les 21 accusés ont dû s'engager à ne pas porter de masque, à ne pas avoir d'armes, à quitter toute manifestation non paisible et à rester à plus de 300 mètres du pont Jacques-Cartier. Mais surtout, il leur sera interdit de communiquer avec des coaccusés ou des gens criminalisés et ils ne pourront se trouver à moins de 100 mètres du parc Émilie-Gamelin, point de départ de nombreuses manifestations.

Certains accusés ont demandé des exceptions pour éviter de se trouver en violation de conditions lorsqu'ils retourneront à leurs cours à l'UQAM et au cégep du Vieux Montréal, ou lorsqu'ils iront à la Grande Bibliothèque, près du parc. Plusieurs ont été accordées.

Jean-François Roy Plourde, élu de l'Association des étudiants du module de science politique de l'UQAM, a fait valoir que ses fonctions pourraient interférer avec ses engagements. Il a obtenu une exception, mais seulement en cas de reprise des cours.

Un autre membre du groupe a expliqué qu'il suit des cours à l'UQAM avec un coaccusé, ce qui l'amènera peut-être à le fréquenter involontairement malgré les conditions. La remarque a fait sourciller le juge Boyer. «Il n'y en a pas beaucoup, ces temps-là [des cours]!», s'est-il exclamé.

Quelques accusés ont obtenu des exceptions pour pouvoir fréquenter un colocataire ou un ami de coeur. C'est le cas de Yalda Machouf-Khadir, fille du député de Québec solidaire, Amir Khadir.

Les jeunes adultes de 18 à 23 ans font face à des accusations de complot, d'entrave au travail des policiers et de méfait de plus de 5000$ pour avoir empêché l'usage du pont Jacques-Cartier lors d'une manifestation matinale.

La procureure de la Couronne, Audrey Simard, a expliqué que l'événement a duré environ six ou sept minutes et qu'il a été capté par des caméras de surveillance.

La police de Montréal a par ailleurs mené deux opérations hier dans le but d'arrêter des suspects qui auraient agressé des policiers dans une manifestation étudiante il y a quelques semaines. Le bilan n'avait pas été fourni au moment de publier ces lignes.

Le Réseau de résistance du Québécois (RRQ) s'est porté à la défense d'un de ses anciens militants qui s'est livré à la police mardi en lien avec l'agression d'un policier à Victoriaville. Des photos de Jean-Martin Champagne, 24 ans, en pleine action portant un grand drapeau du Québec avaient fait la manchette après l'émeute. «C'est un petit gars qui s'est impliqué chez nous à Trois-Rivières puis à Sherbrooke. Un vrai patriote, un militant indépendantiste», résume le président du RRQ, Patrick Bourgeois. Selon lui, c'est la police qui a lancé le bal ce jour-là. «Je ne sais pas s'il a lancé des choses, mais je sais que j'ai vu des dizaines de Québécois lancer des roches à Victoriaville. C'est une colère que je peux comprendre», a dit M. Bourgeois.