Les quatre étudiants soupçonnés d'avoir semé la pagaille dans le métro la semaine dernière en jetant une bombe fumigène resteront sous les verrous au moins jusqu'au 23 mai.

L'enquête sur leur mise en liberté a été remise, lundi, au palais de justice de Montréal, parce que les deux parties, la Couronne et la défense, venaient de recevoir de nouveaux éléments de preuve.

Roxanne Bélisle, 22 ans, Geneviève Vaillancourt, 25 ans, Vanessa L'Écuyer, 21 ans, et François Vivier-Gagnon, 22 ans, sont tout de même entrés, menottés, dans le box des accusés pour être officiellement informés du report. Détenus depuis qu'ils se sont rendus à la police, vendredi dernier, ils avaient l'air calme et regardaient vers la salle, où se tenaient des membres de leur famille et de nombreux supporteurs. Ces derniers leur faisaient des signes d'encouragement. Les accusés sont repartis vers les quartiers de détention sous une salve d'applaudissements. Parmi les sympathisants, on a reconnu certains habitués de groupes radicaux et anarchistes qui viennent chaque fois que des manifestants sont accusés.

En ce qui concerne les quatre personnes qui nous occupent, elles sont accusées de complot, de méfait de plus de 5000$ et d'avoir commis un acte susceptible de faire craindre un acte terroriste. Le jeune homme est en outre accusé de possession d'une arme prohibée, soit un couteau papillon. Les faits reprochés, survenus jeudi matin dernier, ont entraîné la paralysie du métro en pleine heure de pointe. Les trois jeunes femmes sont détenues à la prison pour femmes Tanguay, et le jeune homme devrait se trouver au centre de détention de Rivière-des-Prairies ou à la prison de Bordeaux.

Haute tension

Il est à noter que la tension était forte, hier matin, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la salle 3.07, où les accusés devaient comparaître. Certains sympathisants cherchaient manifestement l'affrontement avec les représentants des médias. Par ailleurs, une adolescente à bout de nerfs, qui semblait être la soeur d'un accusé, a éclaté en sanglots dans la salle d'audience.

Me Steve Larivière, qui occupe pour la Couronne dans cette affaire, a indiqué qu'il allait s'opposer à la mise en liberté des accusés en raison du «troisième motif», qui est celui de ne pas miner la confiance du public dans le système de justice.

En ce qui concerne Me Véronique Robert, qui représente deux des accusés, elle espère évidemment que ces derniers seront mis en liberté. Elle n'exclut pas que des discussions puissent survenir d'ici au 23 mai entre les deux parties. Des conditions sévères pourraient encadrer cette liberté, croit-elle. Selon elle, les quatre accusés, tous étudiants à l'UQAM, proviennent de bonnes familles, et celles-ci sont bouleversées par ce qui arrive. «Ils sont bien entourés par des parents aimants», a-t-elle indiqué à La Presse. Les autres accusés sont représentés par Mes Isabelle Lamarche et Roland Roy.

Par ailleurs, Me Robert estime que l'accusation relative au terrorisme est de la «poudre aux yeux».

De passage au palais de justice de Montréal pour une conférence de presse hier matin, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a refusé de commenter les accusations portées contre les quatre étudiants. «Je ne veux pas m'immiscer dans les causes qui sont devant les tribunaux», a-t-il dit.

Quant aux injonctions qui n'ont pas pu être respectées hier matin, le ministre a rappelé que «le gouvernement met tout en oeuvre pour que les étudiants puissent avoir droit à l'exercice de leur droit à l'éducation». «Le droit qui existe, c'est celui d'aller à l'école, pas celui de bloquer les portes», a-t-il dit.

- Avec la collaboration d'Anabelle Nicoud