L'un des trois adolescents qui ont assassiné un couple de septuagénaires dans l'ouest de Montréal en 1995 a poursuivi sa carrière criminelle une fois adulte.

Ryan McPhee, aujourd'hui âgé de 32 ans, attribue à sa jeunesse difficile ses déboires judiciaires. Malgré ses antécédents de violence et les nombreuses fois où il n'a pas respecté ses conditions, la juge Linda Despots a décidé de lui donner une «dernière chance», hier, au palais de justice de Montréal.

Il est accusé de conduite dangereuse ayant causé la mort, de conduite avec les facultés affaiblies ayant causé la mort, de négligence criminelle et de refus de donner un échantillon d'haleine.

McPhee aurait tué l'un de ses amis dans un accident de voiture, à LaSalle. Fortement intoxiqué par l'alcool, il conduisait sous une pluie battante avec des essuie-glaces défectueux. Il a perdu la maîtrise de son véhicule dans une courbe et a percuté l'arrière d'un poids lourd qui était immobilisé. Son passager, Derek Pion, est mort sur le coup.

Arrêté en décembre 2010, il a été libéré sous conditions. Il a ensuite été arrêté pour voies de fait sur la personne de son ex-conjointe. Il avait déjà des antécédents en matière de violence conjugale.

Cela n'a pas empêché un autre juge de le libérer en lui faisant promettre de suivre une thérapie. Or, il aurait omis à 16 reprises de se présenter au poste de police comme l'y obligeaient ses conditions de libération. De plus, il a été expulsé de la maison de thérapie après une altercation avec un autre pensionnaire.

Pour toutes ces raisons, le procureur de la Couronne, Dennis Galiatsatos, s'est adressé à un troisième juge, hier, pour faire révoquer la liberté sous conditions de l'accusé. De son côté, l'avocat de la défense, Me Stéphane Beaudin, a soutenu que son client devait avoir une autre chance de suivre une thérapie.

Horreur et consternation

Ce n'est pas la première fois que McPhee promet de reprendre le droit chemin. En 1996, lorsqu'il s'est avoué coupable des meurtres non prémédités de Frank et Jocelyn Toope, il a juré qu'il s'engagerait à fond dans un programme de réhabilitation.

McPhee avait 15 ans à l'époque. Ses deux complices avaient 13 et 14 ans. Ce soir-là, ils avaient bu de l'alcool avant de mettre leur plan de vol à exécution.

Ils ont tué le couple de septuagénaires à coups de bâton de baseball, dans la chambre à coucher de leur résidence, à Beaconsfield.

À l'époque, ce crime avait semé la consternation et l'horreur à Montréal. Leur peine, trois ans à purger dans un centre fermé pour adolescents suivis d'une probation de deux ans, avait également choqué la population.

Dix-sept ans plus tard, le meurtrier a du mal à reconnaître ses torts. «On ne connaissait pas leur âge ni leur statut social. Ç'a été un choc de l'apprendre. J'avais une grand-mère de leur âge. Jamais je n'aurais fait quelque chose comme cela à une personne comme elle», a-t-il expliqué à la juge Linda Despots, hier.

McPhee rejette la responsabilité de tout ce qui est arrivé sur son complice qui a frappé la femme du pasteur. «Tu pars pour faire un vol et la première chose que tu apprends le lendemain, c'est que tu es accusé de double meurtre», a-t-il dit. McPhee prétend avoir donné un seul coup de bâton au pasteur avant de fuir les lieux. «Il n'y a pas une journée où je n'y pense pas depuis.»

Avant même la fin de sa peine, en 2000, il avait récidivé en compagnie de l'un de ses complices du double meurtre, alors qu'ils n'avaient pas le droit de communiquer entre eux. Ils avaient été arrêtés à Toronto dans une voiture volée, en possession d'une arme illégale, une machette.

McPhee se dit aux prises avec des problèmes psychologiques qu'il noie dans l'alcool depuis près de 20 ans. Mais aujourd'hui, il jure qu'il va les régler. «Vous n'avez plus de marge de manoeuvre», lui a souligné la juge, en lui accordant une «dernière chance» de se reprendre en main. Il entreprendra donc une nouvelle thérapie avant son procès pour conduite dangereuse ayant causé la mort, prévu en janvier prochain.