De son balcon, Mathieu Chachati pouvait apercevoir la voiture d'Yvon Leblanc. C'était insupportable, car il savait que dans le coffre se trouvait le cadavre ensanglanté d'Yvon Leblanc. Pour calmer son angoisse, Chachati a changé la voiture de place à quelques reprises pendant trois semaines. Il a fini par la planquer dans un secteur industriel, puis y a mis le feu dans la nuit du 9 mai 2008.

C'est ce que Mathieu Chachati a avoué au terme d'un long interrogatoire policier, le 19 mai 2010, soit deux ans après le crime. Avant d'en arriver là, Chachati s'était débattu comme un «diable dans l'eau bénite» pour faire croire qu'il n'avait rien à voir avec le meurtre d'Yvon Leblanc. Il avait même entraîné son père Alfred et sa soeur Mireille dans la disgrâce: tous trois ont menti aux policiers pour tenter de les aiguiller vers d'autres pistes.

C'est notamment ce que le jury a appris au procès de Mathieu Chachati, qui se tient depuis le début du mois d'avril à Longueuil. L'homme de 31 ans est accusé du meurtre non prémédité d'Yvon Leblanc, 47 ans. Le corps de ce revendeur de drogue de Longueuil a été trouvé calciné dans le coffre de sa voiture incendiée, le 9 mai 2008, environ trois semaines après sa disparition.

La police de Longueuil a mis deux ans à résoudre le crime. Mathieu Chachati, consommateur de drogue, était le principal suspect, car il avait vendu à des brocanteurs des biens ayant appartenu à la victime. De fait, pendant la «disparition» d'Yvon Leblanc, il s'était rendu trois fois dans le logement de sa victime pour voler du matériel. Il possédait la clé, puisqu'il avait vidé les poches du cadavre avant d'en disposer.

Arsenal de moyens

Les policiers ont déployé tout un arsenal de moyens pour coincer leur suspect, dont l'écoute électronique et l'analyse des projections de sang sur des murs que l'accusé avait pourtant repeints. En effet, c'est bien dans le logement où l'accusé vivait avec son père, rue Villeneuve à Longueuil, que la victime a été tuée, le soir du 25 avril 2008. Le pathologiste a établi que M. Leblanc est mort de coups à la tête. Lors de ses aveux, Mathieu Chachati a dit qu'il avait frappé la victime avec une petite batte de baseball en métal, mais qu'il avait agi par légitime défense. Selon sa version, Leblanc était venu pour se faire payer une dette de drogue de 500$, muni d'un couteau et de cette fameuse batte.

En pleurs

«Il m'avait fourré une couple de fois, a raconté Chachati à l'enquêteur Jean Laforce, qui a réussi à le faire craquer. Il venait pour avoir son argent. On a eu une dispute. Il allait me blesser ou me tuer... Je me suis défendu. J'ai réussi à prendre le bâton, je l'ai frappé trois ou quatre fois sur la tête... Il s'est effondré, il essayait de se relever encore, et je l'ai frappé avec mon pied pour qu'il reste à terre... J'ai vomi au moins deux fois sur le balcon avant de lui prendre ses clés, son argent et sa cocaïne dans ses poches. J'ai fait une ligne...»

L'accusé a assuré que son père Alfred était sorti de sa chambre seulement après la mort de Leblanc, et qu'il ne savait pas quoi faire. «Mon père ne m'a pas aidé, je vous jure», répétait l'accusé. Ce dernier a expliqué qu'il a enveloppé le corps dans un drap et a attaché une corde au cou de la victime. Leblanc était costaud. «J'ai eu de la misère, je l'ai fait glisser dans l'escalier», a raconté l'accusé. Il a porté son fardeau dans le coffre de la Mercury Cougar de Leblanc.

«Je ne veux pas être accusé de meurtre. Je suis quelqu'un de bien, je ne mérite pas ça», s'est désolé Mathieu Chachati lors de ses aveux. Hier, le procureur de la Couronne Sacha Blais a fini de présenter sa preuve. Aujourd'hui, ce sera au tour de la défense de faire la sienne. L'accusé est défendu par Mes Martin Latour et Élyse Pinsonneault.