Le patron de la Sûreté du Québec, Richard Deschesnes, soutient qu'à sa connaissance, la police n'a pas exercé de force excessive au cours des opérations menées pour contenir la grève étudiante.

En marge de la commission parlementaire chargée d'étudier les budgets du ministère de la Sécurité publique, le numéro un de la SQ, a soutenu en point de presse ne pas avoir constaté de violence gratuite de la part des agents impliqués pour contenir les manifestations des dernières semaines.

«Les forces policières, que ce soit la SQ ou la police municipale, interviennent dans le respect de la démocratie. Quand il y a des débordements, les policiers doivent prendre les mesures nécessaires pour faire respecter l'ordre et la loi», observe-t-il. En dépit des nombreux reportages sur l'utilisation des matraques et du poivre de cayenne pour stopper les regroupements étudiants, le patron de la SQ soutient n'avoir rien constaté d'excessif de la part des agents de la paix.

«Il y a des gens qui organisent des manifestations dont ils n'ont pas le contrôle, or c'est leur responsabilité de garder le contrôle de leur manifestation», souligne-t-il.

En commission parlementaire, plus tard, M. Deschesnes décrira comme «une situation d'agitation sociale» le courant de protestation des étudiants. «On est confronté à une situation d'agitation sociale, qui prend une certaine ampleur», a-t-il dit. Un de ses adjoints, Marcel Savard, a reconnu que des agents en civils se glissaient dans les rangs des manifestants, «pour de l'observation, non de l'infiltration». «C'est nécessaire pour avoir une appréciation exacte de ce qui se passe», explique-t-il.

Dans le réseau universitaire, chaque établissement d'enseignement est autonome, et la décision d'embaucher des agents de sécurité pour  maintenir l'accès aux salles de cours lui appartient.

Le conflit étudiant est surveillé par la «Direction des mesures d'urgence» de la SQ. L'envoi de l'escouade anti-émeute, à Gatineau, à l'Université du Québec, jeudi, relève de cette direction.

Le cabinet du ministre de la Sécurité publique n'est pas informé ni même consulté pour ces opérations, d'expliquer M. Deschesnes. «De l'agitation sociale, on a déjà eu dans les années 1980, 1990. Ce sont des opérations courantes à la SQ», a-t-il résumé.

Ordres et désordre

Bertrand St-Arnaud, député péquiste de Chambly, a relevé que «beaucoup de citoyens sont inquiets de ce qui se passe sur les campus». À la télévision, Jean Portugais, un représentant des professeurs d'université, a dénoncé la situation sans détour. «On voit des gardiens de sécurité dans les couloirs qui hurlent pour que les gens rentent dans leurs classes, ce n'est pas ça, l'université.»

«Les agents de sécurité semblent avoir envahi les universités, ce genre de comportement irresponsable respecte-t-il nos chartes, nos lois ?» a-t-il lancé à l'intention du ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil.

Pour le ministre de la Sécurité publique, les agents de sécurité sur les campus «sont engagés par les universités, et l'objectif est de se conformer à des jugements de cour». Pour lui, les tribunaux ont décrété l'obligation de donner l'accès aux étudiants qui veulent se rendre en classe, tandis que les universités, avec ses employés, doivent s'assurer du respect de ces verdicts. Il a refusé de commenter la décision des établissements d'enseignement de recourir à des agents de sécurité. Si leur comportement est répréhensible, il y a des canaux pour porter plainte, a-t-il soutenu.

«Normalement, les étudiants, comme tout le monde, devraient se conformer à ces décisions, c'est aussi simple que cela», a-t-il soutenu. «Des gens sont là pour maintenir l'ordre, d'autres veulent maintenir le désordre», lancera M. Dutil.

Pour le ministre, «des gens ont demandé ce qu'ils estiment être leur droit, assister aux cours, ce qui a été accepté par la Cour. Des gens ont décidé qu'ils s'opposaient à l'application de ces décisions. Le gouvernement n'est pas intervenu, ce sont des étudiants qui ont demandé aux tribunaux».

«Je ne pense pas que, parce qu'il y ait désaccord sur les frais de scolarité, on doive accepter qu'il y ait des gens qui refusent de respecter la décision des tribunaux. Il y a eu des bidons d'essence devant des résidences de ministres. L'Assemblée nationale a dénoncé toute forme de violence», a-t-il rappelé.