Le prédateur sexuel Stéphane Duperron, qui a fait une douzaine de victimes aux quatre coins du Québec depuis la fin des années 80, croyait bien avoir trouvé le moyen de récidiver sans se faire arrêter.

Après avoir violé une jeune femme choisie au hasard dans le quartier Rosemont, l'homme de 45 ans l'a forcée à se laver dans la première piscine croisée sur leur chemin pour tenter d'effacer toute trace d'ADN.

Un «fantasme»

Dans la soirée du 2 juin 2010, Duperron est caché derrière un buisson en bordure d'un sentier du bois des Pères, près de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il cherche une proie.

Valérie *, 20 ans, emprunte souvent ce sentier pour rentrer chez elle. Ce soir-là, elle écoute de la musique dans son iPod quand l'accusé sort du buisson et la cloue au sol. Il lui dit de se taire, sinon il la tuera. Après l'avoir frappée à une joue et à une épaule, il lui ordonne de se déshabiller. Comme elle refuse, il la menace de nouveau: «C'est moi qui décide. Écoute-moi, sinon je vais te tuer.»

Duperron remonte le chandail de la jeune femme sur sa tête pour l'empêcher de voir son visage. Il lui embrasse les seins, la force à lui faire une fellation pour ensuite la violer à deux reprises sans condom. Il lui dit qu'il n'a pas pu résister en la voyant dans les bois; elle correspond à un «fantasme».

Avant de la laisser partir, Duperron lui annonce qu'ils doivent absolument trouver de l'eau pour qu'elle se lave. Ils finissent par croiser une piscine dans laquelle elle se mouille jusqu'à la taille. Il la libère ensuite en lui disant qu'il regrette ce qui vient de se passer.

La jeune femme rentre chez elle et appelle la police. Les enquêteurs tenteront de trouver l'ADN de l'agresseur sur son corps et ses vêtements, mais ils savent qu'ils ont bien peu de chances de récolter cette preuve à la suite de la baignade forcée.

Par chance, comme la victime a seulement eu de l'eau jusqu'à la taille, la police parviendra à récolter un échantillon de salive sur ses seins. Comme Duperron était déjà fiché dans la banque d'ADN de la police, il a été rapidement arrêté. Par la suite, la victime n'a pas été en mesure de l'identifier. Sans l'ADN, il n'aurait donc jamais été retrouvé.

Évaluation demandée

Plus tôt ce mois-ci, Duperron a reconnu sa culpabilité à deux accusations d'agression sexuelle et de menace de mort. La procureure de la Couronne, Louise Blais, a demandé qu'il soit évalué à l'Institut Philippe-Pinel pour le faire déclarer délinquant à contrôler ou délinquant dangereux.

Duperron était en liberté conditionnelle et vivait en maison de transition lorsqu'il a agressé Valérie. Il a de nombreux antécédents judiciaires. En 1997, il avait fait les manchettes après s'être évadé d'un fourgon cellulaire à Sorel. Durant sa courte fuite de 10 jours, il avait agressé cinq femmes à Granby, Drummondville, Victoriaville et Hull. Il avait finalement été arrêté lors d'une chasse à l'homme sur l'autoroute 20 à bord d'une voiture volée.

* Le nom de la victime a été changé pour protéger son identité.