Des appuis par dizaines, de l'argent et même une demande en mariage. Touchée par l'élan de générosité suscité par la menace d'expulsion pesant sur elle, la famille Keita Mansaré dit n'attendre qu'une chose: justice.

Les six Guinéens doivent de nouveau se présenter demain après-midi aux bureaux de l'Agence des services frontaliers (ASFC) avec leurs bagages en main afin d'être expulsés, le troisième rendez-vous du genre en deux mois. La mère, Kankou Keita Mansaré, a plaidé à nouveau aujourd'hui pour obtenir un sursis, le temps que tous ses recours soient entendus. La famille dit toujours attendre que soient entendues deux demandes, une pour l'examen des risques avant renvoi et une autre pour motifs humanitaires. Si ces démarches devaient être rejetées, la famille s'engage à respecter la décision et à quitter le Canada.

L'avocat de la famille, Me Salif Sangaré, dénonce les démarches entreprises pour expulser la famille alors que ses recours n'ont pas tous été entendus. Il pense s'adresser à nouveau aux tribunaux pour dénoncer le fait que les six Guinéens sont convoqués pour la troisième fois à une expulsion alors que les enfants ne disposeraient toujours pas de documents de voyages. «Cette façon de faire de convoquer la famille sans être en possession des documents de voyage est arbitraire et abusive», dénonce Me Sangaré.

Le Comité de protection des réfugiés juge «inhumaine» cette façon de procéder. «C'est quasiment une fausse exécution chaque fois», a déploré le responsable de ce groupe, Me Richard Goldman. Celui-ci ne comprend pas pourquoi le gouvernement n'attend pas que la famille ait épuisé ses recours pour l'expulser. «On n'a qu'à penser au cas de Paola Ortiz pour qui il y a eu séparation pendant sept mois avec ses enfants. C'est une façon très inhumaine de traiter les gens». Il faisait référence à la femme d'origine mexicaine rentrée au Canada cette semaine après avoir été expulsée à l'automne.

Me Goldman juge «très sérieux» les risques d'excision et de mariage forcé pesant sur les deux jeunes filles et que la famille Keita Mansaré invoque pour rester au Canada.

Le député fédéral Alexandre Boulerice, du Nouveau parti démocratique, a lui aussi apporté son appui, envoyant une lettre au ministre responsable de l'ASFC, Vic Toews. «Tant que la demande pour des motifs humanitaires et l'examen des risques n'ont pas été étudiés et qu'une décision n'a pas été rendue, il n'y a pas de raison d'expulser cette famille. À nos yeux, la famille Mansaré est québécoise et c'est inimaginable de laisser nos soeurs risquer l'excision ou le mariage forcé», a dénoncé le député de Rosemont.

L'expulsion planifiée des Keita Mansaré doit avoir lieu alors que, vendredi après-midi, le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, prononcera un discours à Montréal. Celui-ci expliquera que le système d'immigration canadien doit servir à «contribuer à la santé économique et à la compétitivité du pays à l'échelle internationale».