Condamner ou ne pas condamner le saccage du bureau de la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp? Tandis que certains le font sans détour, d'autres parlent d'un événement prévisible, voire «inévitable».

Quelques heures après les événements, vendredi, Gabriel Nadeau-Dubois, l'un des porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), avait affirmé en entrevue à La Presse Canadienne: «Quand les gens ne se parlent pas, les gens se frappent».

Invité à préciser sa pensée, samedi après-midi, le leader étudiant a plaidé que «lorsqu'une partie ne se fait pas entendre pendant neuf semaines, il est inévitable que la tension monte». Et qu'il cautionne ou pas les gestes qui ont été posés, «dans les faits, ça ne change rien».

Le député de Québec Solidaire, Amir Khadir, semble abonder dans le même sens que Gabriel Nadeau-Dubois.

«Nous, on ne le souhaite pas, on ne le recommande pas (...) Mais on peut comprendre que quand le gouvernement est si obtus, si fermé, que ce genre de choses-là arrive, surtout quand on comprend la dynamique politique, l'instrumentalisation et ce que le gouvernement Charest a en tête. Eux autres souhaitent peut-être que ça arrive», a avancé le député de Mercier.

Du côté de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), il n'est pas question de cautionner de tels actes.

«On condamne, bien sûr, ce genre d'événements-là. Je pense que ce n'est pas le genre de choses qu'il faut encourager. Nous, on continue d'appeler nos membres au calme», a affirmé Léo Bureau-Blouin.

«Cependant, ce que ça démontre, c'est qu'il faut régler ça rapidement, parce que ça vire à l'affrontement, ce conflit-là.»

Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), s'est montrée très prudente sur le choix des mots au moment d'exposer la réaction de son organisation.

La FEUQ, a-t-elle affirmé, est «en désaccord» avec ce type d'action radicale, mais refuse de parler de «condamnation».

«Je l'ai souvent dit, mais condamner, ça relève des tribunaux, et présentement, il y a beaucoup de tribunaux qui sont mêlés à l'affaire», a-t-elle dit en faisant référence aux multiples injonctions avec lesquelles doivent composer gouvernement, établissements scolaires et étudiants depuis quelque temps.

«Ceci étant dit, on se dissocie totalement de ça, a-t-elle précisé. Nous, on appelle à des manifestations pacifiques, on veut que les gens restent calmes, parce que faire du saccage, ça mine la crédibilité du mouvement et ça donne raison au gouvernement de maintenir la ligne dure, parce que tout ce qu'il attend, finalement, c'est qu'il y ait un dérapage parce qu'à ce moment-là, il peut se faire du capital politique.»

La police de Montréal a procédé samedi à l'arrestation d'un suspect de 20 ans lié au saccage du bureau de la ministre Beauchamp.

On ignore si le jeune homme est affilié à un regroupement étudiant.

Cet individu serait aussi impliqué lors de la manifestation de jeudi à l'université de Montréal, qui s'est soldée par d'importants dégâts.

Le jeune homme a été arrêté samedi matin, à son domicile, parce qu'il était lié aux deux scènes de crime. Il a été placé en détention et le restera jusqu'à sa comparution sous des accusations d'introduction par effraction, méfait de plus de 5000 $, complot et vol de plus de 5000 $.