Trois manifestantes qui ont participé à la «Grande mascarade» d'hier au centre-ville de Montréal ont été formellement inculpées aujourd'hui vendredi de 15 chefs d'accusation de méfait, de complot et de port de déguisement dans un dessein criminel.

Une quarantaine de jeunes arborant le carré rouge s'étaient d'ailleurs déplacés au palais de justice de Montréal pour leur manifester leur appui.

Lorsque les jeunes femmes ont pris place dans le box des accusés, elles ne portaient que des chaussettes puisque leurs souliers avaient été saisis en guise de pièce à conviction. Elles ont esquissé un grand sourire à la vue de cette salle remplie de leurs amis solidaires.  

Rappelons qu'hier, quelque 1500 étudiants, arborant masques et déguisements de toutes sortes, ont envahi les rues pendant près de 2 heures pour manifester contre la hausse des droits de scolarité.

Cecilia Telka Sydor-Estable, 24 ans,Emma Strople, 23 ans, et Lauren Danielle Nancarrow, 23 ans, sont notamment soupçonnées d'avoir lancé des ballons de peinture rose sur six voitures de police.

Les trois jeunes femmes qui semblaient visiblement dépassées par les événements ont pu retrouver leur liberté en s'engageant à respecter une série de conditions. Elles n'auront plus le droit de participer à des manifestations à moins que celles-ci soient pacifiques.  

En énonçant cette condition, la procureure de la Couronne a déclenché un rire général dans l'assistance. Les accusées n'auront plus le droit, non plus, de manifester déguisées ou bien munies d'un sac à dos.

Lorsque les jeunes femmes ont pris connaissance des accusations sérieuses qui pèsent contre elles, l'une d'elles n'a pu réprimer un «Oh mon Dieu !» dans la langue de Shakespeare. Au moment où leur brève comparution a pris fin, la foule les a chaudement applaudies. Certains ont même crié à l'unisson: «On vous aime» avant de se faire rappeler à l'ordre par les constables spéciaux qui surveillaient la salle.

«Les policiers font du profilage politique», s'est indignée Erika St-Pierre qui est venue assister à l'audience. «L'État essaie d'intimider ceux qui résistent à ses politiques, mais moi, au contraire, ça me motive à résister davantage», a ajouté une autre jeune femme, Nancy Bock.

«Tout le monde était masqué à cette manifestation. Pourquoi elles ont été les seules à être accusées de cela ?», se demande, Sandra Ouimet une troisième jeune femme venue les appuyer.  Cette dernière affirme que les trois accusées ont été suivies par un policier infiltré tout au long de la manifestation. Ce dernier aurait attendu la fin de la «mascarade» pour les arrêter.

Les accusées doivent revenir en cour le 17 mai pour la suite du processus judiciaire.