Même si l'enseignante Tania Pontbriand était souvent vue en compagnie d'un élève adolescent à l'école Rosemère, le directeur de l'établissement ne s'en est pas inquiété. C'est lorsque la mère du garçon est venue se plaindre qu'il a réalisé que la situation était délicate.

C'est ce qui se dégage du témoignage que l'ex-directeur de l'école secondaire Rosemère, Alain Guay, a rendu ce matin au procès de Tania Pontbriand. La femme de 42 ans est accusée d'avoir agressé sexuellement un garçon et d'avoir eu des contacts sexuels avec lui alors qu'elle était en position d'autorité. Les faits seraient survenus entre 2002 et 2004, alors que Mme Pontbriand enseignait l'éducation physique et le leadership à cette école. Elle était au début de la trentaine, et le garçon avait 15 ans au commencement de leur relation.

Ce matin, M. Guay a décrit Mme Pontbriand comme une excellente enseignante, très engagée auprès de ses élèves. Elle n'avait jamais eu de problème de discipline. En mars 2003, la mère d'un élève est cependant allée voir le directeur pour se plaindre du fait que l'enseignante entretenait des liens trop étroits avec son fils. M. Guay dit lui avoir demandé si elle voulait porter plainte officiellement. La mère, elle-même enseignante, a répondu non, car elle ne voulait pas nuire à Mme Pontbriand. Mais elle voulait que la relation cesse.

À la suite de cette rencontre, le directeur a convoqué Mme Pontbriand. «On a eu une bonne rencontre. J'ai dit: la mère veut que la relation cesse. Mme Pontbriand semblait surprise», a expliqué M. Guay. Il dit avoir demandé à l'enseignante de ne plus reconduire l'élève chez lui après la classe. M. Guay a aussi indiqué que son adjoint et lui avaient ouvert l'oeil par la suite et qu'il se sont rendus plus souvent du côté du gymnase.

Mme Pontbriand est revenue voir le directeur un peu plus tard, avec une lettre qui expliquait pourquoi elle était si souvent avec l'élève. Leurs familles étaient amies de longue date, disait-elle.

«Je lui ai dit: moi je ne suis pas inquiet, mais je suis concerné. Ça peut donner l'impression qu'il y a autre chose», a signalé M. Guay.

Le directeur affirme par ailleurs qu'il a offert à la mère de changer l'élève de classe afin qu'il ne soit plus avec Mme Pontbriand. Après réflexion, la mère a refusé, car son fils voulait rester avec l'enseignante. Mais il ne devait pas y avoir de contact à l'extérieur de l'école. La mère aurait flanché à la longue et aurait permis à son fils de voir Mme Pontbriand le soir et les fins de semaine. «C'était délicat. On essayait de garder les distances, mais vu qu'elle laissait faire...», a noté M. Guay.

On sait par le témoignage du jeune homme qu'il en voulait beaucoup à sa mère à cette époque. Il la voyait comme une ennemie qui voulait briser sa relation avec Mme Pontbriand. Il affirme avoir eu de 200 à 300 relations sexuelles avec l'enseignante pendant les deux ans qu'aurait duré leur idylle. Le procès reprendra en mai.

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Extraits de la lettre explicative

Après avoir été avertie, en mars 2003, de cesser ses fréquentations avec son jeune élève, Tania Pontbriand a écrit une lettre de justification qu'elle a remise au directeur de l'école. Elle voulait démontrer qu'il s'agissait d'une relation d'aide, auprès d'un ado renfermé. Elle insinuait que la mère du garçon était un peu dérangée et qu'elle mettait trop de pression sur son fils. Évidemment, il n'était nullement question de relations sexuelles. En voici des extraits:

«Pour ce qui est du voyage à vélo de mai: joué au backgammon pour deux jours. Le troisième soir, il commençait vraiment à s'ouvrir... J'ai écouté toute son histoire... Le lendemain, sur le chemin du retour, il s'en faisait au sujet des confidences qu'il m'avait faites. Je lui ai répété que je n'en parlerais à personne.»

«Il est venu souvent chez moi après cela (un voyage de camping). On faisait de la bicyclette et de la randonnée, mais c'était principalement pour parler.»

«Juin et juillet

Passé du temps chez lui

Coupé des branches avec sa mère

Défait un patio avec lui

Son grand-père m'a amenée au restaurant. Il m'a demandé de guider Félix et l'aider à s'ouvrir.»

«J'allais souvent le chercher le matin, pour l'aider à commencer sa journée.»

«Félix était très déprimé. Il perdait du poids... Sa mère a commencé à me menacer et à mettre ça sur ma faute... Elle m'a dit des choses blessantes qui m'ont fait pleurer. Elle perdait son fils, perdait le contrôle...»