Ce n'était pas du tout une relation sexuelle consentante, affirme la femme qui a porté plainte contre le dentiste Mirhan Dadourian.

«Il m'a ouvert grand la bouche avec son majeur. Il a sorti son pénis et l'a mis dans ma bouche jusque dans la gorge... Il a éjaculé dans ma bouche... Je n'ai jamais commis un acte pareil depuis que je suis en vie. C'est comme s'il m'avait fait manger sa propre chair», a raconté la femme en sanglotant, hier, au procès du Dr Dadourian.

L'homme de 64 ans est accusé d'agression sexuelle à l'endroit de cette patiente, qui était allée le consulter le 1er octobre 2008 pour une importante rage de dents. À 39 ans, c'était la première fois de sa vie qu'elle allait chez un dentiste, a expliqué la femme, dont nous devons taire l'identité. Originaire d'un pays d'Afrique, cette mère de sept enfants est arrivée au Canada en 2007 et a demandé l'asile politique.

Vers 10h30 le 1er octobre 2008, elle s'est présentée au cabinet du dentiste, rue Saint-Denis. La réceptionniste lui a fait une radiographie et le Dr Dadourian l'a ensuite reçue dans son cabinet. Il lui a demandé d'où elle venait. La femme aurait raconté brièvement son histoire, signalant au passage qu'elle avait été emprisonnée au Congo pour sa participation à une manifestation et qu'elle avait été violée par plusieurs hommes. Il lui aurait demandé si ses bagues avaient de vrais diamants, avant de lui lancer: «J'ai des amis qui aiment les jolies femmes comme toi.» Tout en discutant, il lui mettait des produits anesthésiants dans la bouche.

Serpent mamba

La femme raconte que, tout de suite après, le dentiste lui a dit qu'il n'avait pas peur de montrer sa nudité. «Il a baissé son pantalon. J'ai dit: je ne suis pas venue pour ça. Il était en érection. J'ai dit: Tu n'es pas circoncis, la tête de ton pénis est comme un serpent mamba.

- O.K., O.K., aurait répoondu le dentiste, on va faire le traitement.»

Il a fait les plombages et lui a ensuite fait serrer les dents pour voir si tout était bien. C'est après, dit-elle, qu'il lui a demandé d'ouvrir grand la bouche et que l'agression est survenue. La femme soutient que le dentiste lui tenait fermement la tête pendant qu'il commettait ses gestes. Il a touché ses seins en même temps. Elle est restée immobile parce qu'elle était saisie, surprise et apeurée. Elle voyait les instruments de dentiste et pensait qu'il pouvait lui faire du mal.

Selon elle, il a éjaculé rapidement dans sa bouche. Après qu'il se fut retiré, elle lui a demandé pourquoi il avait fait ça. Elle pleurait. Selon sa culture, le sperme contient des enfants. L'avoir dans la bouche, pour elle, relève du cannibalisme. «Je ne suis pas cannibale!», a-t-elle dit avec force.

De l'argent dans le chemisier

Selon son souvenir, le dentiste lui a tendu un verre et lui a dit de se rincer la bouche et de cracher. Ensuite, il a glissé 40$ dans son chemisier. «Il m'a serrée fort et il m'a dit: Je t'aime. Il m'a dit qu'il avait des amis qui étaient prêts à payer 40$ pour le haut et 100$ pour le bas.»

La femme raconte être sortie en pleurant. Cette affaire a bouleversé sa vie, soutient-elle. Elle en a parlé à une médecin et à un travailleur social. Ce dernier lui a dit qu'elle pouvait porter plainte, et il l'a assistée dans ses démarches. Elle a porté plainte à la police une dizaine de jours après les événements, puis à l'Ordre des dentistes.

En mars 2011, pour cette affaire, le Dr Dadourian a plaidé coupable à une infraction d'inconduite sexuelle devant son ordre professionnel. Il a été radié pour trois mois et a écopé d'une amende de 1000$. Il reconnaît qu'il y a eu fellation dans son bureau mais soutient qu'il s'agissait d'une «relation d'affaires avec consentement mutuel».

Le procès se poursuit aujourd'hui devant le juge Salvatore Mascia. L'accusé, qui est accompagné de sa femme, est défendu par Me Pierre Poupart. C'est Me Anne Aubé qui représente la Couronne.