Véritable «psychopathe», Denis Latreille a passé l'essentiel de sa vie adulte en prison. En 30 ans, il a été condamné à pas moins de 60 reprises pour des crimes tout aussi graves que variés: viol, fraude, vol qualifié, enlèvement, séquestration, trafic de stupéfiants.

Dans les années 80, il a notamment violé une connaissance alors que son complice tenait le bébé de cette dernière par les pieds, la tête dans le vide, pour ainsi la forcer à avoir cette relation sexuelle.

La juge de la Cour supérieure Sophie Bourque a décidé que cela en était assez. L'accusé de 52 ans a été déclaré «délinquant dangereux», hier, au palais de justice de Montréal. «Chaque fois qu'il est remis en liberté, il récidive (...) Dans son cas, le passé est garant de l'avenir», a déploré la juge Bourque.

Latreille devra rester en prison pour une période indéterminée. Cette mesure d'exception prévue dans le Code criminel est réservée aux criminels jugés irrécupérables.

Un jury l'a trouvé coupable de son plus récent crime en décembre 2010. Cette fois-ci, il avait agressé sexuellement une sexagénaire chez elle, dans le quartier Ahuntsic, après avoir gagné sa confiance en lui proposant des cigarettes.

Un psychopathe charmeur

Le psychiatre Pierre Rochette a conclu que Latreille était «psychopathe». «De par son côté manipulateur et charmeur, M. Latreille est en mesure de mettre en confiance ses potentielles futures victimes. De plus, il ne présente pratiquement aucun remords vis-à-vis ses victimes», indique le Dr Rochette dans son rapport. La psychopathie ne se traite pas lorsque les habitudes sont bien ancrées, explique le psychiatre.

«Pour l'instant, la seule solution trouvée par l'humanité est l'incarcération», retient la juge Bourque. «Denis Latreille ne démontre aucune volonté et n'exprime aucun engagement pour une éventuelle réhabilitation, poursuit la juge. Aujourd'hui, ce risque est trop grand pour être assumé une fois de plus par la société. Dans son cas, la société a plusieurs fois pris ce risque dans le passé. Or, à chaque fois, le risque s'est matérialisé et ses nombreuses victimes en ont payé le prix.»

«Ses antécédents démontrent qu'il est incapable de contrôler ses pulsions sexuelles», avait d'ailleurs plaidé la procureure de la Couronne, Me Anne Gauvin, en faveur d'une peine à période indéterminée. Latreille a été condamné dans le passé à des peines de 10 et 12 ans de prison pour des viols commis dans les années 80.

De son côté, l'avocate de la défense, Marie-Josée Bellemare, suggérait plutôt une peine de cinq à sept ans de prison assortie d'une période de surveillance de 10 ans. La juge a finalement suivi la recommandation de la poursuite.