L'ado de 17 ans, soupçonné d'avoir tué un père de famille sans histoire du quartier Verdun, rejette le blâme sur un complice présumé.

C'est ce qui est ressorti de la plaidoirie de la défense, ce lundi, au procès de l'ado accusé d'homicide involontaire en Chambre de la jeunesse de Montréal.

La victime, Iqbal Ahmed, est morte au terme d'une altercation dont les circonstances font penser à un scénario de film absurde basé sur une série de malentendus.

Un homme de 18 ans, Francis Bélanger, est aussi inculpé dans cette affaire. Son enquête préliminaire doit commencer plus tard cette année.

Vers 23 h, le 8 avril dernier, deux adolescentes cognent à la fenêtre de la chambre de la fille de M. Ahmed pour lui donner rendez-vous au dépanneur du coin.

La femme de M. Ahmed surprend une partie de la conversation entre les filles. Convaincue que sa fille est sortie sans permission, elle demande à son mari de la rattraper. Or, l'adolescente n'a pas quitté sa chambre.

M. Ahmed suit les adolescentes en pensant reconnaître sa fille. Croyant d'abord être suivies par un dangereux inconnu, les jeunes filles se mettent à courir. L'une des deux reconnaît finalement M. Ahmed, mais elles poursuivent tout de même leur course en hurlant.

Rendues près de la station de métro De L'Église, les adolescentes croisent trois garçons qu'elles connaissent et leur demandent de l'aide.

Les jeunes hommes ont vite rattrapé le père de famille, qui avait commencé à rebrousser chemin. Ils ne lui laisseront pas le temps de s'expliquer. L'ado de 17 ans a crié «on va te péter la yeule», selon certains témoins.

Plus tôt au procès, l'ado a admis avoir poussé la victime, agissant «sur un coup de tête». Il jure toutefois qu'il ne savait pas que son présumé complice adulte allait ensuite donner un coup de poing au visage de la victime.

M. Ahmed est alors tombé et sa tête a heurté violemment le sol. Les accusés ont pris la fuite avant l'arrivée des secours. Le père de famille a sombré dans un coma duquel il ne s'est jamais réveillé.

«Il n'y a pas d'intention commune de commettre l'infraction. Mon client n'a même pas connaissance que l'autre (présumé complice) le suit lorsqu'il se dirige vers M. Ahmed», a plaidé l'avocat de l'ado, Me Mathieu Longpré, ce lundi, en faveur de l'acquittement de son client.

De son côté, la poursuite a rappelé que personne, selon la loi, ne peut jouer au justicier. La défense de l'accusé n'est pas conforme au droit canadien, selon le procureur de la Couronne, Me Jean-Sébastien Bussières. «Qu'ils agissent de concert ou qu'ils agissent individuellement, il peut y avoir plusieurs acteurs principaux à l'homicide involontaire», a-t-il plaidé.

Aux yeux de la poursuite, l'ado de 17 ans agit en «leader» durant l'agression puisqu'il est le premier à pousser la victime. Il est témoin du coup de poing qui s'en suit à peine quelques secondes plus tard. «Ce n'est pas important de savoir qui a porté le coup fatal. Le coup porté par l'un est le coup porté par tous, selon une récente décision de la Cour suprême du Canada», a indiqué la poursuite.

Le juge Normand Bastien rendra son verdict le 16 mai.