Une dalle de béton de plusieurs tonnes s'est effondrée dimanche dans la voie d'accès au stationnement souterrain du Stade olympique, faisant craindre pour la sécurité du bâtiment devenu un symbole de Montréal.

Trois fois par semaine, David Boisclair va nager à la piscine du Stade olympique.

Chaque fois, le réalisateur laisse son véhicule dans l'immense stationnement sombre et très bas situé sous le terrain du futur Planétarium de Montréal. Construit il y a plus de 30 ans, il a «les marques de son époque», selon l'habitué.

Dimanche après-midi, un ami et lui s'engageaient dans l'entrée en voiture lorsqu'une dalle de béton de 8 mètres sur 12 mètres et pesant plusieurs tonnes s'est effondrée à quelques mètres devant eux.

«C'est un long couloir souterrain qui descend, explique David Boisclair. On s'est arrêtés à peine 75 pieds dans le couloir, parce qu'on ne voyait absolument rien. Il n'y avait plus de lumière du tout.»

Les deux hommes ont d'abord cru à un incendie parce que la concentration des particules dans l'air les empêchait d'y voir quoi que ce soit.

«C'était un nuage de poussière très épais, a dit David Boisclair. On a rebroussé chemin.»

Un autre véhicule se trouvait devant eux dans le couloir, encore plus près du lieu de l'effondrement. Deux jeunes femmes s'y trouvaient. Encore sous le choc après être sorties du couloir, elles ne comprenaient pas ce qui venait de survenir.

Au moment de mettre sous presse, le Service de sécurité incendie de Montréal estimait toujours qu'il existait un risque important de voir le plafond du niveau inférieur du stationnement s'écrouler sous le poids de la dalle tombée. «On est allés vérifier et les poutres qui soutiennent le plancher du premier étage de stationnement ont commencé à fléchir un peu», a expliqué Benoît Brouillard, porte-parole du Service.

Les deux étages de l'infrastructure ont été évacués par les services d'urgence, qui croient que l'effondrement n'a fait aucun blessé. Personne ne manque à l'appel, mais on est toujours incapable de savoir si quelque chose ou quelqu'un se trouve sous le bloc de béton.

Une demi-douzaine de camions de pompiers ont été dépêchés sur place, ainsi qu'une équipe spécialisée dans l'évaluation de structures. L'événement a déclenché une importante fuite d'eau dans le stationnement.

Chantier suspect

Tant chez les pompiers qu'à la Régie des installations olympiques (RIO), tous montraient timidement du doigt le chantier d'agrandissement du stade Saputo, situé directement au-dessus de la dalle effondrée. Un trou béant, correspondant à la silhouette du bloc tombé, se trouvait dimanche au milieu de la machinerie et des monticules de terre.

Le projet d'agrandissement a été confié à la firme de construction Broccolini.

Selon Roger Nicolet, l'un des commissaires de la commission Johnson sur l'effondrement d'une partie du viaduc de la Concorde, c'est au maître d'oeuvre du chantier de s'assurer qu'il ne dépasse pas la capacité du lieu où il travaille.

«La machinerie lourde représente des charges concentrées plus importantes que ce qui est prévu pour le calcul d'une dalle extérieure dont l'accès est normalement limité aux piétons», a-t-il expliqué. C'est la «responsabilité première des ingénieurs qui dirigent les travaux» de consulter les plans d'époque afin de déterminer la capacité d'une telle dalle de béton.

Selon lui, les infrastructures du Parc olympique n'ont pas particulièrement mauvaise réputation en matière de solidité. Seule exception: le toit du Stade.

Cure de jouvence

Le grand patron de la Régie des installations olympiques a promis que son personnel ferait toute la lumière sur l'effondrement du plafond du couloir d'accès au stationnement. David Heurtel a assuré que les infrastructures du Parc olympique faisaient l'objet de vérifications fréquentes.

«Ce n'est pas nécessairement quelque chose qui est laissé pendant plusieurs années sans inspections. Il y a toujours des travaux de réfection», a-t-il affirmé. M. Heurtel a ajouté que la présence d'un chantier au-dessus du couloir d'accès au stationnement fait en sorte que les installations font l'objet de «beaucoup d'attention».

Il n'a toutefois pu préciser à quand remonte la dernière vérification dans cette partie du stationnement. «On va essayer de comprendre ce qui s'est passé avec l'équipe du Stade olympique», a-t-il dit.

En 2010, le RIO avait reçu une enveloppe de 95 millions de Québec afin d'offrir une cure de jouvence aux installations olympiques, qui ont près de 40 ans.

«On parle d'un lieu très circonscrit à côté d'un terrain qui est en construction, s'est défendu David Heurtel. Avant de faire tout de suite le saut avec la vétusté de l'équipement ou un problème d'entretien d'équipement, apprenons d'abord avec certitude ce qui s'est passé.»

L'Impact de Montréal jouera son premier match à domicile dans la Major League Soccer (MLS) au Stade olympique le 17 mars. Le club doit aussi disputer une joute au Stade Saputo le 16 juin. Patrick Vallée, porte-parole de l'équipe, n'a pas été en mesure de dire s'il serait maintenu ou déplacé.

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Une évacuation critiquée

Si le toit du Stade olympique fait les manchettes pour sa fragilité, ce n'est pas la seule infrastructure du Parc olympique à avoir souffert de problèmes majeurs depuis le départ des athlètes, en 1976.

En septembre 1991, une poutre de 85 tonnes s'était effondrée dans le Stade, atterrissant en plein coeur de bureaux occupés par des fédérations sportives et de loisirs.

Personne n'avait été blessé dans l'événement, malgré l'ampleur du morceau de béton long de 30 mètres. Toutefois, quelques employés ont été traumatisés par l'effondrement de la poutre.

Le ministre du Tourisme de l'époque, André Vallerand, a décidé de fermer le Stade olympique pendant une semaine, ce qui a entraîné l'annulation d'événements sportifs.

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Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Une demi-douzaine de camions de pompiers ont été dépêchés au Stade olympique pour superviser l'évacuation du stationnement souterrain après l'effondrement d'une dalle, hier après-midi.

Souvenirs de 1991

Si le toit du Stade olympique fait les manchettes pour sa fragilité, ce n'est pas la seule infrastructure du Parc olympique à avoir souffert de problèmes majeurs depuis le départ des athlètes, en 1976.

En septembre 1991, une poutre de 85 tonnes s'était effondrée dans le Stade, atterrissant en plein coeur de bureaux occupés par des fédérations sportives et de loisirs.

Personne n'avait été blessé dans l'événement, malgré l'ampleur du morceau de béton long de 30 mètres. Toutefois, quelques employés ont été traumatisés par l'effondrement de la poutre.

Le ministre du Tourisme de l'époque, André Vallerand, a décidé de fermer le Stade olympique pendant une semaine, ce qui a entraîné l'annulation d'événements sportifs.