Comme l'éducateur qui affirme avoir été battu par deux hauts responsables d'une chaîne de garderies était absent, hier à la cour municipale de Montréal, le procès a dû être reporté. Mais l'un des accusés a eu la surprise d'être arrêté par l'Agence des services frontaliers à sa sortie de la salle d'audience.

Portant un chandail aux couleurs de son employeur - la chaîne de garderies privées G-Souriant -, Hugo Ricoy Caballero a été intercepté par trois enquêteurs de l'Agence des services frontaliers, qui l'ont aussitôt menotté. De toute évidence, l'homme de 33 ans ne s'attendait pas du tout à ce revirement de situation. Son collègue et coaccusé, Nixiel Fonseca Delgado, 28 ans, de même que leur patron, Christopher Pattichis, qui était aussi sur place, semblaient également sonnés par cette arrestation-surprise. Ces deux derniers portaient aussi le chandail de la chaîne G-Souriant.

M. Caballero est présenté comme le «directeur des opérations» de la chaîne de garderies G-Souriant. Selon M. Pattichis, président-fondateur de G-Souriant, son employé  est arrivé au Canada en 2009, en provenance du Mexique. M. Pattichis assure que l'homme est un éducateur de profession, qu'il est arrivé «formé», avec un visa de travail de deux ans. «C'est un éducateur reconnu par le ministère de la Famille», a assuré M. Pattichis. Au Ministère, on a dit ne pas détenir une telle information, hier.

Quoi qu'il en soit, M.Caballero aurait été employé comme éducateur chez G-Souriant, «mais il a eu une promotion dans l'entreprise en 2010», a expliqué M. Pattichis. Toujours selon ce dernier, M. Caballero était en voie d'obtenir son statut de résident permanent, mais le processus serait retardé à cause des accusations qui pèsent sur lui.

Voie de fait

Ces accusations ont trait à un affrontement qui se serait produit le 21 janvier 2011, à une garderie de la chaîne, La Colmenita, rue Jarry Est. Ce jour-là, M. Caballero et M. Delgado - qui porte le titre d'«inspecteur général» du groupe G-Souriant - se sont rendus à La Colmenita vers 10h30 pour parler à un éducateur récemment embauché, Gustavo Daniel Berardo Nagel. Ils lui ont reproché de ne pas respecter les règles de l'établissement. Une discussion animée a suivi, au terme de laquelle M. Nagel a été expulsé et frappé à coups de poing, selon le rapport de police. De fait, une fois à l'extérieur, l'homme a appelé le 911. Les policiers ont constaté que M. Nagel avait «le nez enflé et le visage plein de sang». MM. Delgado et Caballero ont été accusés de voie de fait et voie de fait causant des lésions.

Victime absente

Hier, les accusés et les témoins se sont présentés pour le procès. Mais il manquait le plaignant. La procureure de la Ville de Montréal, Me Marie-Claude Lauzanne, a indiqué au juge qu'elle n'avait pas eu de nouvelles récentes de M. Nagel. Comme l'homme est originaire de l'Argentine, elle ne sait pas s'il est retourné dans son pays ou s'il est toujours ici. Elle a l'intention de demander à des policiers de vérifier s'il habite toujours au même endroit.

Me Marco Labrie, qui représente les deux accusés, a demandé une date rapprochée afin que l'on soit fixé. Si le plaignant a disparu, l'affaire va sûrement mourir au feuilleton. Les parties doivent se revoir le 23 février.

Hier, M. Pattichis a indiqué à La Presse que M. Nagel n'avait travaillé que «trois jours» dans sa garderie.

M. Pattichis embauche beaucoup d'immigrants et assure que plusieurs sont déjà formés au moment de leur arrivée. Il ajoute avoir donné «beaucoup de travail aux demandeurs du statut de réfugié».

Garderies fermées

Fondée en 2003, G-Souriant aurait compté jusqu'à huit garderies à un certain moment. L'entreprise est cependant dans la ligne de mire des inspecteurs du ministère de la Famille depuis un certain temps. Plusieurs manquements ont été observés, au cours des dernières années, dans deux des établissements, l'Étoile du jour et La Colmenita. On a notamment noté un nombre insuffisant d'éducatrices qualifiées. «Après un suivi serré, le Ministère a obtenu la fermeture de ces deux établissements», a indiqué Mario Vaillancourt, porte-parole du ministère de la Famille, hier.

Selon M. Pattichis, son entreprise ne compte plus que deux garderies, à Brossard et à LaSalle, qui peuvent accueillir chacune 80 enfants.

En ce qui concerne M. Caballero, La Presse a tenté d'obtenir plus d'information auprès de l'Agence des services frontaliers. En fin de journée, l'information n'était toujours pas disponible. M. Pattichis a toutefois indiqué à La Presse que M. Caballero a été libéré en après-midi.