Nouvelle tuile pour le club Moomba de Laval, menacé de fermeture en raison d'une série d'événements violents: la police a récemment découvert que la mafia italienne avait ses entrées dans le très huppé établissement, grâce à des entreprises d'entretien ménager liées au crime organisé qui pouvaient «garder un oeil» sur les opérations.

En novembre, les policiers lavallois ont découvert que les deux dernières entreprises chargées de l'entretien au Moomba étaient liées à la mafia italienne de Montréal.

«Ce n'est pas fréquent. Habituellement, c'est parce qu'ils veulent garder un oeil sur ce qui se passe, lorsqu'ils placent des gens aussi proches du crime organisé italien», a souligné l'enquêteuse Sylvie Savard, spécialiste de la mafia à la police de Laval, devant la Régie des alcools.

Au début des années 2000, le Moomba a confié l'entretien ménager à Hurricane, une entreprise que la police relie au mafioso Giuseppe Fetta.

«C'est un homme de main sous les ordres de Laurenzo Giordano, qui est aussi relié directement aux têtes dirigeantes du crime organisé italien. Ce n'est pas quelqu'un qui est super loin [de la tête]», a expliqué l'enquêteuse.

Après l'arrestation de Fetta dans le cadre de l'opération antimafia Colisée, l'entretien du Moomba a été confié à la société Twister. Un des actionnaires de celle-ci, Francesco Magno, était autrefois gestionnaire du Café Il Centrale, point de rencontre de mafieux visé par l'opération Colisée. Son partenaire était Mike Lapolla, un mafioso qui a justement été tué au Moomba lors d'une dispute avec un membre de gang de rue en 2005.

À une certaine époque, Francesco Magno conduisait aussi l'ancienne BMW de Lorenzo Giordano, lieutenant du clan Rizzuto, selon l'enquêteuse.

La responsabilité de l'entretien ménager permettait à ces entrepreneurs d'avoir un libre accès au Moomba. Ils avaient les clés et connaissaient le code d'accès du système d'alarme.

Un des propriétaires du club, Peter Mammas, a assuré hier qu'il a mis fin au contrat avec Twister dès que la Régie l'a avisé du problème par écrit, en décembre.

«Nous les avons renvoyés car nous avons reçu ce document. Ils étaient mécontents, mais je leur ai dit que c'était inacceptable», a-t-il insisté.

La police tente depuis longtemps de faire fermer le Moomba, où elle a dû intervenir plus de 400 fois depuis 2002. Des membres du crime organisé italien et libanais y ont souvent été vus. Un ancien portier du club a été vu aux funérailles du patriarche Nicolo Rizzuto et est actuellement accusé de voies de fait, extorsion, menaces et harcèlement.