C'est par «naïveté» et en raison de sa «dépendance affective» que l'ex-douanière Marilyn Béliveau s'est retrouvée bien malgré elle mêlée à deux complots d'importation de drogue au profit d'une organisation criminelle. C'est ce qui ressort du contre-interrogatoire de la femme de 32 ans mené dans le cadre de son procès, qui a repris lundi au palais de justice de Montréal.

Béliveau fait face à des accusations de corruption et de gangstérisme. Elle est soupçonnée d'avoir comploté avec des membres de la mafia et des gangs de rue pour importer de la drogue par bateau au port de Montréal en 2005 et en 2006.

Toute la journée, la procureure de la couronne Sabrina Delli Fraine l'a questionné sur le contenu d'une dizaine des 375 conversations téléphoniques enregistrées dans le cadre de la vaste opération antimafia Colisée, et produites en preuve dans son procès.

Selon le ministère public, Marilyn Béliveau aurait conseillé des criminels pour qu'ils puissent importer de la drogue sans se faire prendre et les prévenir si les autorités s'intéressaient à leurs marchandises.

Béliveau a d'abord raconté qu'elle avait vérifié des données «publiques» dans les systèmes informatiques des douanes comme elle l'aurait fait pour un ami ou un membre de sa famille. C'est de toute bonne foi qu'elle dit avoir rendu ce service à Ray Kanho et Giuseppe Torre, têtes dirigeantes du complot.

Elle a aussi justifié certaines des conversations téléphoniques au sujet d'un projet d'importation de cocaïne avec Kanho et Torre en expliquant qu'il s'agissait en fait d'un canular, inventé pour séduire un homme, Fritz Dorsainville.

«J'étais sur le point de déménager avec lui, je me disais qu'il ne voudrait plus. Aujourd'hui, je me sens énormément mal d'avoir menti. J'ai préféré mentir, car au moins je ne fais rien de mal, tout est inventé, tout est dans ma tête.»

Six ans après son arrestation, Béliveau assure qu'elle a changé et que sa vie a pris un tournant. «Aujourd'hui, je vais à l'église, la Bible est devenue le manuel de ma vie», a-t-elle plaidé.

Le procès reprend vendredi.