Coup sévère contre la mafia: le caïd Raynald Desjardins et un de ses partenaires aussi important que discret, l'homme d'affaires Vittorio Mirarchi, ont été arrêtés relativement au meurtre de Salvatore Montagna, mardi, avec trois autres hommes.

Montagna, 40 ans, était l'un des nouveaux acteurs dirigeants de la mafia montréalaise. Il a été tué le 24 novembre dans l'île Vaudry, à Charlemagne, en banlieue de Montréal. La police croit qu'il a été assassiné dans une maison appartenant à Jack Arthur Simpson, 69 ans, ou en sortant de la maison. Après avoir reçu une balle en plein corps, il a tenté de s'enfuir en traversant la rivière L'Assomption, puis il est mort sur la rive.

Simpson, trafiquant de drogue, a été arrêté quatre jours plus tard à Ottawa, officiellement pour avoir violé les conditions de sa libération conditionnelle. En 1996, il avait été condamné à une peine de 28 ans de prison pour avoir tenté d'expédier 300 kg de cocaïne de la Californie à New York.

Depuis son arrestation, il a été interrogé par la Sûreté du Québec au sujet du meurtre de Montagna et maintenu en détention. Il devra répondre à une accusation de meurtre au premier degré, tout comme Desjardins, 59 ans, de Laval, Mirarchi, 34 ans, de Sainte-Adèle, et Felice Racaniello, 27 ans, de Montréal.

Deux autres personnes ont été arrêtées mardi, mais comme elles l'ont été sans mandat, la Sûreté du Québec n'a pas révélé leurs noms. Leur cas est à l'étude par les procureurs. Il est possible qu'elles soient elles aussi accusées.

Vaste opération

La SQ a mené son enquête rondement, avec la collaboration de la Gendarmerie royale du Canada et des services de police de Montréal, de Laval et de Longueuil. Près de 200 policiers ont participé aux arrestations. Ils ont aussi mené 16 perquisitions dans 9 lieux et dans 7 véhicules.

«Nous croyons que nous venons de porter un dur coup au crime organisé traditionnel italien», a déclaré Roberto Bergeron, chef du Service des enquêtes sur l'intégrité de la personne à la SQ. «Notre objectif est de déstabiliser la mafia et d'éviter certains actes de violence», a ajouté son collègue Michel Forget, directeur adjoint de la Direction des renseignements et des enquêtes criminelles.

De nouveaux meurtres étaient à prévoir. Raynald Desjardins a lui-même été victime d'une tentative d'assassinat le 16 septembre dernier à Laval, près de la rivière des Prairies, lorsqu'il roulait dans une voiture blindée. Son garde du corps a répliqué aux coups de feu. Les assaillants se sont enfuis en motomarine. Desjardins n'a pas été touché. Il a été interrogé par les policiers, mais il a refusé de collaborer.

Le 24 octobre, Lorenzo LoPresti, 40 ans, sortait sur le balcon de son appartement de Saint-Laurent pour fumer une cigarette quand plusieurs coups de feu ont retenti. Il s'est écroulé, mort. Il était le bras droit d'Antonio Pietrantonio, dit Tony Suzuki, 48 ans, trafiquant de drogue proche de Salvatore Montagna.

Ce dernier a à son tour été victime d'une tentative de meurtre mercredi dernier, trois semaines après l'assassinat de Montagna. Il a été gravement blessé par balle à l'entrée du restaurant portugais Imperio, rue Jarry, près de la rue Chambord, à Montréal. Il avait été arrêté avec Raynald Desjardins par la GRC en 1993, dans le cadre de l'opération Jaggy, qui avait mis au jour la collaboration de la mafia et des Hells Angels pour importer de la cocaïne.

Desjardins, Mirarchi et les autres suspects du meurtre de Montagna doivent comparaître au palais de justice de Joliette aujourd'hui.