Maximilien Héon, 20 ans, et Danny Poirier-Laplante, 25 ans, de Sainte-Julienne, ont été formellement accusés d'avoir tué deux jeunes hommes en incendiant leur appartement la semaine dernière à Joliette, pour une banale histoire de rivalité amoureuse.

Le 15 décembre dernier à l'aube, un très violent incendie a détruit une vieille résidence abritant quatre logements, rue Sainte-Anne à Joliette, tuant David Deraspe, 24 ans, et Marc-André Guérin-Bertrand, 18 ans. Dès le lendemain, les enquêteurs de la Sûreté du Québec ont conclu que l'incendie était criminel.

L'enquête aurait démontré que Héon serait l'instigateur de cet acte insensé parce qu'il voulait se venger de la plus jeune des deux victimes, car tous deux convoitaient la même jeune femme. Quant à Poirier-Laplante, qui est le colocataire de Héon, il aurait conduit la voiture qui aurait servi à la fuite de l'autre.

Poirier-Laplante a été arrêté dimanche à Sainte-Julienne. Il est arrivé ce matin, menotté et escorté par des policiers, au palais de justice de Joliette. Pendant la courte marche qu'il a effectuée entre le fourgon qui l'a amené et la porte des quartiers de détention, il a, d'un coup de tête vigoureux, retiré le capuchon qui lui couvrait le crâne pour lancer un regard défiant aux photographes et cameramen qui croquaient son portrait.

Quant à Héon, il a été arrêté alors qu'il se trouvait au Centre hospitalier régional de Lanaudière. Il est sévèrement brûlé au visage et aux bras, résultat présumé d'une fausse manoeuvre au moment d'incendier la maison. D'ailleurs, il est arrivé au palais de justice les mains bandées.

Contrairement à l'autre accusé, c'est avec la tête bien enfoncée dans son capuchon, pour qu'on ne lui voie pas le visage, qu'il a fait son arrivée au palais en après-midi. Une quinzaine de proches des victimes s'étaient réunis autour de l'espace grillagé où il est descendu de la voiture de la Sûreté du Québec pour lui lancer les plus abjects quolibets.

«Pourri», «meurtrier», «tu mérites bien de t'être brûlé la face», a-t-on crié avant qu'il ne disparaisse dans le bâtiment.

Les deux ont très brièvement comparu, leur cause étant reportée au 17 janvier. Héon a été accusé de meurtre prémédité, le chef le plus grave du Code criminel canadien. L'autre a été accusé de meurtre non prémédité, accusation légèrement moindre.

«Selon la preuve, Héon aurait eu des propos de vengeance, mais mon client n'aurait été que le conducteur. Sa participation est bien moins grande», a expliqué Me Michel Leclerc, avocat du plus âgé des accusés.

Ce sont des dizaines de jeunes proches des victimes et la mère de Marc-André Guérin-Bertrand, qui ont passé une journée éprouvante au palais de justice, question de voir les accusés.

Tous sont au courant de cette histoire qui aurait rendu Maximilien Héon fou de rage. Une banale histoire de fille et de jalousie.

Une jeune fille qui avait autrefois été la copine du jeune Guérin-Bertrand se serait récemment mise à fréquenter Héon.

«Mais elle a rappelé Marc-André (Guérin-Bertrand) deux jours avant le feu. Elle voulait le revoir. Il y est allé, et Maximilien était là quand il est passé. Ça a mal tourné, ils se sont pognés. Il était fou de jalousie», raconte, la voix tremblotante, Marc-André Casavant, colocataire des deux victimes qui avait passé la nuit chez sa copine en ce jour fatidique, ce qui lui a sauvé la vie. Il a toutefois perdu son chien Masta dans le brasier.

Autre amie des deux défunts, Marie-Aude Boyer-Tessier. Elle a gardé le plus jeune quand il était petit, et a fréquenté David Deraspe.

«Tout ça n'est que jalousie et possessivité. J'espère qu'ils vont payer», a-t-elle déclaré.

«On n'a pas le droit d'enlever la vie de quelqu'un pour une histoire de jalousie. J'espère que ces jeunes vont réfléchir à ce que c'est, un enfant», a conclu, la voix éteinte, Marie-Hélène Guérin, la mère du plus jeune défunt.

En retrait de tous ces gens tristes, mais se supportant, une jeune femme seule, déroutée, en sanglots.

Marie-Pierre Poirier-Laplante. La soeur de Danny. Colocataire des deux accusés. Elle aussi est démolie.

«Mon frère n'est pas un meurtrier. Il est gentil mon frère. Mais parfois nono», a-t-elle simplement déclaré en sanglots, ajoutant qu'elle croit qu'il doit s'en vouloir, de s'être embarqué dans cette histoire, s'il l'a réellement fait.

Elle n'a pas voulu en dire plus, surtout sur son autre coloc, Héon.

Lundi matin, devant la maison de la rue Sainte-Anne, on pouvait apercevoir de nombreux messages, photos et bouquets de fleurs destinés à rendre hommage aux deux jeunes défunts.

«Nos sympathies à la famille et aux ami(es). Veillez sur vos proches, soyez des anges pour eux et pour nous. Nous vous gardons dans nos coeurs à tout jamais. On vous aime», lisait-on sur le message principal, qui souligne aussi la mort du chien qui habitait avec les deux hommes et deux autres colocataires, absents cette nuit-là.

Une employée d'un Tim Hortons adresse aussi ses sympathies aux proches de David Deraspe. Une guirlande avec des verres à café a même été confectionnée.