C'est sous les yeux de ses deux enfants, assis au premier rang dans la salle d'audience, que Paul Laplante a été formellement accusé du meurtre prémédité de sa femme Diane Grégoire, mercredi matin.

L'homme de 54 ans, qui habitait à Laval depuis tout récemment, n'a pas regardé une seule fois vers sa fille Élizabeth et son fils Francis pendant sa comparution, au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.

De grosses larmes coulaient sur les joues d'Élizabeth Laplante, assise dignement aux côtés de son frère. Les deux avaient les yeux rivés sur celui qui est accusé du meurtre de leur mère.

Paul Laplante n'a pas enregistré de réponse à l'accusation. Il retournera en cour le 21 décembre. Il a salué la juge Marie-Chantal Doucet d'un bref «bonjour» et a gardé les yeux baissés et les lèvres pincées, pendant une bonne partie de la comparution. La Cour lui a interdit de communiquer avec ses enfants, sauf par l'entremise d'un avocat. Il lui est aussi interdit d'entrer en contact avec une autre femme de sa connaissance, Mariette Lamontagne.

Selon la famille Grégoire, Paul Laplante a déménagé à Laval parce que la femme avec qui il vivait a décidé de mettre fin à leur relation lorsqu'elle a senti la pression monter contre lui.

Dans une courte déclaration, Élizabeth Laplante a remercié les policiers au nom de la famille.

«Notre mère était une femme extraordinaire et nous comptons affronter cette épreuve en son honneur, en gardant le souvenir de son sourire, de son courage et de l'amour inconditionnel qu'elle nous a porté», a-t-elle dit.

«Même si, durant les quatre dernières années, nous avons espéré obtenir des réponses, et durant les quatre derniers mois, nous avons été préparés à affronter le pire, il demeure qu'aujourd'hui, moi et Francis, on est sous le choc. Donc, on préfère, comme vous le comprendrez, vivre notre deuil en privé», a ajouté Élizabeth Laplante.

Acte d'accusation

Selon l'acte d'accusation, le crime aurait été commis à Coteau-du-Lac le 31 janvier 2008, jour où Laplante a signalé la disparition de Mme Grégoire à la police.

Ce jour-là, selon ce qu'il a déjà raconté, Paul Laplante se serait rendu avec Diane Grégoire près de Coteau-du-Lac pour voir des terrains à vendre. Ce n'est qu'ensuite qu'ils seraient allés aux Promenades St-Bruno, où Laplante a dit avoir perdu sa femme de vue. Le couple habitait à l'époque à Saint-Hyacinthe, et c'est dans cette ville que Laplante a été arrêté mardi.

La découverte des ossements de Mme Grégoire, le 21 novembre, dans un terrain boisé de Coteau-du-Lac, à environ 45 minutes à l'ouest de Montréal, avait donné un nouveau souffle à l'enquête.

Des amis et membres de la famille Grégoire se sont déplacés mercredi pour soutenir les enfants du couple. «Ils ont perdu leur mère, et là, ils perdent leur père, ils sont comme orphelins» a résumé l'un d'eux.

Plusieurs personnes de l'entourage de Diane Grégoire ont avoué qu'elles soupçonnaient depuis longtemps le mari d'être le meurtrier.

Les relations n'étaient pas très bonnes entre Laplante et les Grégoire. Un des cousins de Diane Grégoire a porté plainte contre lui pour harcèlement, et a avoué avoir peur de lui.

Selon un proche, un autre membre de la famille aurait déjà agrippé Paul Laplante par le collet lorsque celui-ci a fait une remarque insensible sur sa femme qui était alors portée disparue. Au sein de la famille Grégoire, certains voulaient couper tout contact avec Laplante, mais d'autres se sont efforcés de rester en lien avec lui et de lui parler le plus possible, au cas où il finirait par s'incriminer.