Paul Laplante, le mari de Diane Grégoire, cette femme dont les restes ont été retrouvés en novembre dernier, a été arrêté mardi à Saint-Hyacinthe et sera formellement accusé de meurtre mercredi.

La découverte des ossements de Mme Grégoire le 21 novembre sur un terrain boisé de Coteau-du-Lac, à environ 45 minutes à l'ouest de Montréal, a donné un nouveau souffle à l'enquête déclenchée par la police de Longueuil. C'est là que s'était amorcée l'enquête, car selon la version des faits donnée par Paul Laplante le 31 janvier 2008, jour où il a signalé la disparition de sa femme, il avait vu Mme Grégoire pour la dernière fois aux Promenades St-Bruno.

Après des fouilles de plusieurs semaines, au début de l'automne, au cours desquelles des tonnes de terre ont été soigneusement tamisées près de l'incinérateur d'une ferme porcine de Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie, la police de Longueuil a même soumis son dossier d'enquête au Directeur des poursuites criminelles et pénales, jugeant avoir assez de matière pour qu'un suspect soit accusé du meurtre.

Cependant, quand les ossements ont été découverts par un marcheur, très loin de la ferme porcine, l'enquête a été confiée à la Sûreté du Québec, car le corps a été trouvé sur son territoire.

C'est aussi pour cette raison que Paul Laplante comparaîtra, ce matin, au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield, car c'est dans ce district judiciaire que se trouve Coteau-du-Lac et que le meurtre aurait pu être commis.

Arrestation

Dans un point de presse laconique, le lieutenant Guy Lapointe, de la SQ, a confirmé l'arrestation, sans toutefois nommer Laplante. Une pratique policière habituelle quand un suspect n'est pas encore formellement accusé.

Il a confirmé que l'arrestation avait eu lieu à Saint-Hyacinthe, en milieu de matinée. C'était une arrestation sans mandat, comme le permet la loi dans certaines situations, et Laplante n'a pas résisté.

Celui-ci est arrivé au quartier général de la SQ, rue Parthenais à Montréal, vêtu de son uniforme de camionneur de Pepsico Canada, menotté et ne quittant pas le sol des yeux, en vue d'être interrogé avant sa comparution mercredi.

Le lieutenant Lapointe a aussi refusé d'indiquer si des éléments recueillis sur les lieux où a été découvert le cadavre de Diane Grégoire ont permis de  lier Laplante au meurtre. Il a cependant répété que la découverte n'avait pas forcé les agents à reprendre leur enquête à zéro, mais leur avait plutôt permis d'étoffer le dossier jusque-là préparé par les enquêteurs longueuillois.

Rappelons que le jour de la disparition, selon certaines versions des faits qu'il a données, Paul Laplante se serait rendu avec Diane Grégoire dans la région de Vaudreuil-Dorion, près de Côteau-de-Lac, pour voir des terrains résidentiels à vendre. Ce n'est qu'ensuite qu'ils seraient allés aux Promenades St-Bruno, où Laplante a dit avoir perdu sa femme de vue.

Antédécent

Paul Laplante ne possède qu'un antécédent judiciaire en matière criminelle, une accusation de harcèlement criminel survenue un an et demi après la disparition de Mme Grégoire.

La Presse a d'ailleurs rapporté, le 30 novembre dernier, que M. Lapante doit être jugé en février prochain pour avoir, pendant un an, harcelé un très proche cousin et voisin de Diane Grégoire.

Paul Laplante a dû s'engager, en attente de son procès, à ne pas s'approcher de la résidence de Daniel Grégoire ni «le suivre de place en place». On ignore la raison de ce harcèlement que M. Laplante aurait fait subir au cousin, mais l'avocat de l'accusé, Me Robert La Haye, a affirmé que cela n'avait aucun lien avec la disparition de Diane Grégoire.

Joint mardi, Me La Haye a affirmé ne pas pouvoir en dire beaucoup plus sur son client. Il a seulement confirmé son arrestation et le fait que, comme le prévoit la loi, Paul Laplante a pu prendre contact avec lui avant d'être interrogé par la police.

La Presse a aussi tenté de discuter avec les voisins du condo de Blainville où Laplante a habité, au cours des derniers mois, en compagnie d'une nouvelle conjointe. Nous avons toutefois appris qu'il n'y habitait plus depuis «trois ou quatre semaines», selon un voisin.

Chantal Morin, membre du Comité de recherche de Diane Grégoire, formé peu de temps après la disparition de la femme, s'est dite heureuse de ce dénouement.

«Ça vient combler nos désirs. On s'y attendait depuis quelques semaines», a-t-elle indiqué.

Elle ne veut pas dire si elle est surprise ou non que Paul Laplante soit le suspect, se contentant de dire qu'il s'est peu engagé dans la recherche pour trouver sa femme au cours des semaines suivant la disparition.

«Les seules fois où il est venu, c'était pour la marche, au début, qui avait réuni 400 personnes. Il était resté retiré dans un coin tout le temps de la marche. Il était aussi là pour la célébration d'amour et d'espoir. Mais pour les activités de recherche et de sensibilisation, il n'était pas là. Ce sera maintenant à la justice de prouver que c'est lui», a conclu Mme Morin.

Photo fournie par la famille

Diane Grégoire