Jean-François Pelland prévoyait rester longtemps en Afrique pour découvrir le continent où il mettait les pieds pour la première fois, mais sa toute première escapade aura été la dernière. Ce Montréalais d'origine est mort vendredi après avoir été atteint par balle lors d'une fusillade en Égypte, victime d'un conflit tribal.

Mercredi, l'enseignant de 34 ans se trouvait avec un ami dans la région de Louxor, à 700 km au sud du Caire, pour visiter l'un des sites touristiques les plus fréquentés d'Égypte. Ils ont décidé de se rendre en taxi à Sohag, à 200 km au nord, afin de visiter l'un des plus anciens temples du pays, dont certaines ruines datent de plus de 5000 ans.

Ce que le duo ignorait toutefois, c'est que deux tribus se livraient depuis plus d'une semaine à de sanglants affrontements à mi-chemin entre les deux sites, selon ce qu'ont rapporté plusieurs sites d'informations égyptiens. Alors qu'ils traversaient le village d'Al-Samat, leur taxi a traversé un point de contrôle établi par des membres de la tribu locale. Le conducteur a toutefois refusé de s'arrêter et a foncé sur les hommes armés qui ont aussitôt ouvert le feu, croyant avoir affaire à des membres de l'ethnie rivale. Deux balles ont atteint Jean-François Pelland au ventre.

Le Québécois a immédiatement été conduit à l'hôpital le plus près, situé à Louxor, à 90 km au sud du lieu du drame. Il a subi une importante opération mercredi soir, mais il a succombé à ses blessures deux jours plus tard. Sa copine et plusieurs de ses amis s'étaient rendus à son chevet.

Des villageois d'Al-Samat ont rapidement présenté leurs excuses à l'ambassadeur canadien en Égypte. «Nous sommes victimes de l'ancien régime qui a entretenu les querelles tribales et a accentué la pauvreté dans notre région», a écrit samedi une association du village, selon le site du journal Al Ahram.

La nouvelle a semé la consternation à l'école du Caire où le Québécois travaillait depuis peu comme directeur adjoint. «Il va terriblement manquer à tout le monde», s'est désolé Collette Ellis-Toddington, directrice de la British Columbia Canadian International School.

«Durant son court séjour, il a eu un impact important sur nous tous. Son amour des enfants, son enthousiasme, son énergie et son désir de tout faire pour que les enfants réussissent vont manquer aux élèves et à ses collègues. Jean-François était là pour nous tous», a écrit Collette Ellis-Toddington dans une lettre envoyée aux parents des élèves.

Le personnel de l'école a rencontré les jeunes hier pour leur expliquer les tragiques événements. Les élèves participeront à une cérémonie jeudi en mémoire de leur enseignant.

S'il en était à son premier séjour en Afrique, Jean-François Pelland n'en était pas à son premier voyage à l'étranger. Globe-trotter, il a visité plus de 35 pays. Il espérait rester en Afrique longtemps afin de faire le tour du continent, a-t-il écrit dans sa fiche de présentation sur le site de l'école cairote où il travaillait.

Montréalais d'origine, il a reçu en 1998 un diplôme de l'Université de Montréal pour enseigner l'éducation physique. Il venait de terminer une maîtrise en administration scolaire. L'homme de 34 ans, qui se décrivait comme un sportif, a notamment enseigné le football dans les écoles où il a travaillé. Avant d'enseigner en Égypte, il avait oeuvré en Malaisie, dans les Caraïbes, aux États-Unis et au Canada. Plusieurs de ses élèves - actuels et anciens - ont déploré son décès, sur l'internet. Certains ont déploré que des photos de son corps aient circulé sur des sites d'informations égyptiens.