Une policière de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en Colombie-Britannique et présumée victime de harcèlement sexuel accuse l'organisation de ne pas prendre ses responsabilités vis-à-vis de ses employés.

Ceux-ci devraient s'unir pour lutter contre une culture de travail minée, soutient-elle.

La caporale Catherine Galliford, qui a agi comme porte-parole de la GRC dans les dossiers d'Air India et de Robert Pickton, a récemment révélé avoir été victime d'harcèlement sexuel durant ses 20 ans au sein du corps de police.

Mme Galliford a exposé, en entrevue avec La Presse Canadienne, qu'elle avait vécu six à dix incidents sexuels distincts. Au cours de l'un d'entre eux, un supérieur hiérarchique lui aurait montré ses organes génitaux.

Selon elle, les employés doivent se doter d'une organisation qui pourrait les défendre lorsqu'ils se plaignent du comportement d'un supérieur.

«Il doit y avoir un groupe, une organisation que vous pouvez aller voir», a fait valoir Mme Galliford.

«Vous pouvez l'appeler syndicat, vous pouvez l'appeler comme vous voulez, mais ça ne doit pas être un club exclusif impossible à contacter», a-t-elle ajouté.

La plupart des corps de police municipaux sont syndiqués, mais le statut de la GRC tel que défini dans la loi bloque la formation d'une telle organisation.

Catherine Galliford est en arrêt de travail depuis quatre ans, aux prises avec des démons qui incluaient un choc post-traumatique et un problème de consommation d'alcool. Elle a déposé une volumineuse plainte contre son employeur.

Mme Galliford explique qu'elle a été victime d'harcèlement dès le début de sa carrière, alors qu'elle s'entraînait dans un complexe de la GRC à Regina. Les événements dérangeants ont pris de l'ampleur jusqu'à ce qu'un supérieur lui expose son pénis, alors qu'ils se trouvaient tous les deux dans une automobile, en bordure d'une autoroute, relate-t-elle.

«Je n'y réfléchissais pas sur le coup parce que les policières en viennent à croire que ce type de comportement est normal sur un lieu de travail», avance Catherine Galliford.

«Je ne sais pas ce qu'un psychiatre en dirait, mais j'ai simplement commencé à normaliser cet harcèlement.»

La GRC n'a pas directement répliqué à la plainte interne de Mme Galliford, mais a émis un communiqué plus tôt cette semaine pour souligner que ce type de comportement n'était pas toléré au sein de l'organisation.

La Gendarmerie emploie 6000 policiers en Colombie-Britannique, dont 225 se sont absentés du travail pour plus de 30 jours. L'arrêt de travail de 48 d'entre eux était justifié par un «conflit» au travail.

Mike Webster, un ancien psychologue de la GRC qui possède maintenant son propre cabinet, affirme qu'il voit plusieurs policiers fédéraux en arrêt de travail depuis quatre ans.

Selon lui, la politique de lutte au harcèlement mise en place au sein de l'organisation ne fonctionne pas, tout comme le processus de plainte.

«Les femmes n'ont pas de sortie de secours, donc elles se tournent vers les avocats», affirme-t-il.