L'entrepreneur Tony Magi, que la police relie à la mafia, a plaidé coupable à une infraction aux règlements sur l'entreposage des armes à feu ce matin, mais a réussi à se négocier une absolution inconditionnelle en insistant notamment sur son besoin de voyage à l'étranger pour rencontrer des partenaires d'affaires.

Magi, 51 ans, avait été arrêté en septembre 2010 en même temps que certains de ses gardes du corps. Il avait été accusé de possession d'arme dans un dessin dangereux, un pistolet semi-automatique Smith-Wesson de calibre 45, trouvé dans sa table de nuit. La peine minimale prévue en cas de culpabilité était de trois ans de prison.

L'homme d'affaires avait plaidé non-coupable. Il contestait aussi la révocation de son permis d'arme à feu devant les tribunaux.

Ce matin, il a accepté de plaider coupable à une infraction technique beaucoup moins grave concernant l'entreposage des armes à feu. Les accusations criminelles ont été abandonnées. En échange, il accepte de renoncer à son permis d'arme et à ses quatre certificats d'enregistrements d'armes. Il a aussi fait un don de 5000$ au Centre des victimes d'actes criminels de Montréal.

Consultant en immobilier

Tony Magi a fait valoir qu'il n'a aucun antécédent judiciaire et qu'il agit présentement à titre de consultant pour trois projets de construction résidentiels importants. Dans le cadre de son travail, il doit se rendre à l'étranger plusieurs fois par année afin de rencontrer des «distributeurs et des concepteurs essentiels à l'élaboration des différents projets», peut-on lire dans le résumé des faits déposé à la cour. Un dossier criminel lui aurait donc été très préjudiciable.

La juge Céline Lamontagne a suivi la suggestion commune de la poursuite et de la défense, en lui accordant une absolution inconditionnelle.

«C'est conforme à ce qui est prévu pour une première offense en la matière», a commenté la procureure de la couronne, Me Cynthia Gyenizse.

L'homme d'affaires a plus souvent fait la manchette pour ses liens avec des criminels notoires que pour ses projets immobiliers ces dernières années.

«Tony Magi est relié de près aux derniers événements impliquant le crime organisé sur le territoire de l'île de Montréal. Magi et ses gardes du corps utilisent plusieurs véhicules dans leurs déplacements; un de ces véhicules est complètement blindé. Les sujets gravitant autour de l'organisation de Magi ont tous été identifiés; selon l'analyse et la surveillance physique, ces derniers seraient armés en tout temps», a expliqué un sergent-détective de la police de Montréal lors d'un récent témoignage devant la Régie des alcools.

En affaires avec Rizzuto

Dans une autre cause, un enquêteur avait expliqué que le caïd Ducarme Joseph et son cousin Lamartine Sévère Paul se réunissaient dans les bureaux de Tony Magi pour obtenir des contrats d'extorsion. Selon les sources de la police, Ducarme Joseph était responsable de collecter l'argent des gens qui s'étaient endettés envers Magi.

En décembre 2009, Nick Rizzuto Jr, fils du patriarche de la mafia montréalaise, était assassiné à un jet de pierre des bureaux de Tony Magi. Ce dernier avait reconnu en entrevue avec The Gazette qu'il était partenaire d'affaires avec Rizzuto.

Selon des documents déposés à la Cour dans le cadre de l'enquête Colisée, Magi a été victime d'un enlèvement en 2005.

Il a par ailleurs été grièvement blessé par un tireur trois ans plus tard, à l'angle du boulevard Cavendish et de l'avenue Monkland.

En février dernier, c'est sa conjointe qui a été ciblée par un tireur embusqué. Elle s'en est tirée indemne.