Un violent incendie a fait deux morts et complètement ravagé un immeuble à logements de Pointe-Claire dans la nuit de vendredi à samedi, malgré une lutte acharnée des pompiers montréalais pendant plusieurs heures.

L'alerte a été sonnée vers 2h15 du matin, selon les services d'urgence. Les flammes avaient pris naissance dans un des appartements du vaste immeuble de trois étages, sur le boulevard Saint-Jean.

«Je venais juste de m'endormir quand l'alarme m'a réveillée, raconte Barula Rodriguez, une résidente évacuée. Je suis sortie dans le couloir pour vérifier, car nous avons eu des dizaines de fausses alertes dans le passé. Le concierge était là et il a dit "Sortez, il y a un feu !"».

Des résidents ont raconté avoir vu leurs voisins descendre de jeunes enfants des étages supérieurs en le suspendant des balcons. Mme Rodriguez, elle, s'est précipitée vers la sortie avec sa soeur et son mari atteint du parkinson, qui se déplace en fauteuil roulant.

«Il était dans ses sous-vêtements, il avait froid. Nous sommes allés dans l'arrêt d'autobus, mais nous étouffions à cause de la fumée, alors il a fallu traverser la rue», dit-elle.

Au total, une centaine de personnes ont été évacuées. Rapidement, les pompiers ont découvert que deux résidents manquaient à l'appel.

«Vers 5h45, les pompiers sont entrés dans un appartement et ont découvert deux corps», explique l'agent Raphaël Bergeron, porte-parole de la police de Montréal, qui enquête sur les décès.

Selon les premières informations recueillies par les enquêteurs, les victimes seraient une mère d'une quarantaine d'années et son fils, un jeune adolescent. Une autopsie sera pratiquée sur les dépouilles calcinées. Les policiers tentaient samedi matin de valider une information selon laquelle un autre enfant de la dame, âgé de 10 ou 11 ans, aurait réussi à fuir de justesse le logis enflammé.

Déploiement massif

Les pompiers de Montréal ont travaillé d'arrache-pied à maîtriser le brasier.

Paul Desjardins, concierge d'un immeuble voisin, s'est réveillé au son de leurs scies à chaînes qui pratiquaient des ouvertures dans le bâtiment pour multiplier les accès.

«Il y a avait des camions partout sur la rue. Il devait y avoir des tuyaux branchés à chaque borne-fontaine dans un périmètre d'un demi-kilomètre. On pouvait, en train d'arroser à l'intérieur d'appartement où il y avait encore des flammes. À un moment, ils étaient 30 ou 40 sur le toit», raconte-t-il.

«Qui serait prêt à entrer comme ça dans un appartement en feu? Laissez-moi vous dire que sans leur travail très assidu, l'immeuble serait complètement à terre ce matin», souligne-t-il.

L'immeuble de 2,1 millions fumait encore par endroits vers 10h samedi matin. Une forte odeur de brûlé flottait dans l'air. Les dommages sont tellement importants qu'il n'est pas clair si des gens pourront le réintégrer un jour.

«C'est une question très prématurée. Les assurances sont impliquées, et nous ne pouvons pas avoir accès. Deux personnes sont mortes, donc la place a été fermée», a expliqué Steve Carson, propriétaire du bâtiment, dans un bref entretien avec La Presse.

Visiblement affecté par la mort de deux de ses locataires, est tout de même soulagé que les détecteurs de fumée aient fonctionné.

«Je sais que les alarmes marchaient la nuit dernière et que tout le monde a pu sortir, excepté les deux personnes à l'endroit où ça a commencé», dit-il.

Denis Roy, chef aux opérations pour le Service de sécurité incendie de Montréal, a confirmé que l'immeuble était muni de détecteurs de fumée et d'alarmes en bon état. Ce n'était toutefois peut-être pas le cas de l'appartement où a éclaté l'incendie, selon lui. «Il n'y avait peut-être pas d'avertisseur dans l'appartement concerné», dit-il.