Christian Arcouette ne prendra plus jamais le métro de sa vie. Le jeune homme de 23 ans a pris cette résolution après avoir reçu cinq coups de couteau dans le dos en tentant d'empêcher une bagarre à la station Côte-Vertu.

Tout cela parce que son agresseur venait d'insulter l'un de ses amis en lui disant qu'il portait un pantalon de «fif».

L'agresseur, Malcom Olivier Cedar, est retourné en cour, hier, dans le cadre des plaidoiries sur la peine au palais de justice de Montréal.

Au terme d'un procès, l'accusé de 18 ans a été déclaré coupable de voies de fait graves et de vol contre M. Arcouette ainsi que de voies de fait simples à l'endroit de l'ami d'Arcouette, Francis Proulx.

Les victimes ne connaissaient pas l'accusé ni les deux autres jeunes hommes qui l'accompagnaient le soir du 24 juillet 2010. Vers 23h30, Arcouette, Proulx et un autre de leurs amis entrent dans la station de métro Côte-Vertu. Ils ont partagé six bières plus tôt dans la soirée.

Dans l'escalier, l'accusé, un colosse qui a joué au football durant son adolescence, lance à Proulx qu'il porte un pantalon de «fif». Les esprits s'échauffent. Arcouette incite Proulx à s'éloigner.

À l'arrivée du métro, les deux groupes entrent dans le même wagon. La dispute se poursuit. L'accusé frappe Proulx au visage. Arcouette, beaucoup plus frêle que l'accusé, s'interpose entre les deux. Alors qu'il est tourné vers son ami, il sent une vive douleur dans le dos, comme une décharge électrique. L'accusé lui vole sa casquette, puis sort du wagon.

Arcouette, toujours conscient, voit son ami Proulx être poussé à l'extérieur du wagon à la station Snowdon en se faisant rosser de coups. Ensanglantée, la victime de 23 ans sortira à la station Villa-Maria avec l'aide d'une bonne Samaritaine.

L'un des présumés complices de Cedar, Saïd Kim, a été arrêté cette nuit-là en possession de l'arme du crime. Il est accusé de complicité après le fait. Cedar, lui, sera arrêté quatre mois plus tard à Ottawa où il avait déménagé après le crime.

Hier, l'avocat de l'accusé, Me Ebrahim Nagi, a tenu les victimes responsables de ce qui était arrivé, provoquant l'ire de la famille des victimes présentes dans l'assistance. «Si les deux jeunes garçons n'avaient pas été en état d'ébriété, on ne serait pas devant vous», a dit le criminaliste à la juge Céline Lamontagne.

Séquelles nombreuses

Christian Arcouette jouait au hockey deux ou trois fois par semaine avant l'agression. Il a passé six mois en réadaptation puisque l'une de ses épaules a perdu 90% de sa mobilité. L'un de ses poumons s'est partiellement affaissé. Il a dû abandonner ses études et son emploi dans un aréna. Il a dû consulter un psychologue. «Ma chance, c'est de ne pas être mort», a-t-il dit à La Presse en marge de l'audience.

Le procureur de la Couronne, Me François Allard, a suggéré une peine de quatre ans de prison à purger à ce jour. L'accusé, qui venait d'avoir 18 ans lorsque le crime est survenu, a passé la dernière année derrière les barreaux.

De son côté, la défense estime que l'accusé a eu «sa leçon» et qu'il devrait écoper d'une peine suspendue. Il s'agit d'un «acte spontané, sans malice», a plaidé Me Nagi. Une amie de la famille, Martine Lefaivre, a aussi témoigné à la demande de la défense. «Malcom est un gros nounours, doux, tranquille, un peu gêné», a décrit cette notaire.

Christian Arcouette a cinq cicatrices dans le dos qui lui font penser le contraire. La juge Lamontagne prononcera son verdict sur la peine le 5 décembre.