Un autre prêtre québécois se retrouve devant la justice pour une affaire alléguée d'agression sexuelle d'enfant.

L'abbé Maxime Lacroix est soupçonné d'avoir agressé une enfant de choeur, il y a 20 ans, alors qu'il était curé de l'église Saint-Édouard, dans le quartier Fabreville, à Laval.

L'homme de 84 ans a été accusé d'agression sexuelle et de contacts sexuels sur un enfant de moins de 14 ans au palais de justice de Laval. Il avait 64 ans au moment des faits qui lui sont reprochés.

L'agression aurait eu lieu entre le 1er juin et le 30 septembre 1991, selon la dénonciation judiciaire.

La famille de Nathalie (nom fictif) allait à l'église Saint-Édouard tous les dimanches. «Le curé Lacroix était très gentil avec tout le monde. Jamais je n'aurais pensé qu'il aurait fait cela à ma fille», a dit aux médias la mère de la victime, qui ressent toujours autant de colère envers cet homme en qui elle avait totalement confiance.

Sa fille Nathalie, qui avait 8 ans à l'époque, servait la messe le dimanche. Le prêtre la récompensait avec des bonbons et d'autres petits cadeaux. «Si j'avais su ce qu'il avait derrière la tête...», dit la mère, les larmes aux yeux.

Un jour, il aurait demandé à l'enfant de se mettre nue pour ensuite l'agresser. La petite fille en a tout de suite parlé à sa mère, qui affirme avoir demandé des comptes au prêtre le soir même. «Il avait peur qu'on le dénonce et que sa vieille mère l'apprenne.»

À l'époque, les parents de Nathalie ont convenu avec la fillette de ne pas porter plainte à la police. «J'étais juste une enfant. J'avais peur de me faire juger à l'école, de me faire dire que je l'avais cherché. J'ai trouvé la force de le dénoncer avec les années en recevant beaucoup d'aide de ma famille et de psychologues», explique Nathalie, âgée de 28 ans aujourd'hui.

Inspirée par Nathalie Simard

Inspirée par des victimes de prêtres pédophiles qui ont dénoncé publiquement leur agresseur ainsi que par l'histoire de la chanteuse Nathalie Simard, la jeune femme a porté plainte à la police en décembre dernier. Les accusations ont été portées en juin.

«Pour moi, l'Église catholique, c'est fini. Je n'ai plus confiance», ajoute Nathalie, qui affirme qu'elle est restée méfiante vis-à-vis des hommes. «Au travail, je ne suis pas à l'aise d'être seule avec un homme dans une pièce.»

La jeune femme était nerveuse à l'idée de revoir le prêtre, hier, ce dernier ne s'est pas présenté au tribunal en matinée, si bien que la juge a ordonné qu'un mandat d'arrêt soit lancé contre lui.

Un avocat s'est finalement présenté en après-midi au nom du prêtre pour faire annuler ce mandat. L'abbé Lacroix doit se présenter en cour le 24 novembre.

D'après nos recherches, l'abbé Lacroix a été le curé de l'église Saint-Édouard de 1974 à 1992. Il a ensuite emménagé dans une résidence de la paroisse Saint-Jean-Vianney, dans le quartier Rosemont, à Montréal. Il vit aujourd'hui à la résidence Ignace-Bourget, une maison pour prêtres âgés et malades du diocèse de Montréal.

Plusieurs cas de prêtres agresseurs d'enfants ont fait les manchettes au Québec dans les dernières années. En juillet, au premier jour de son procès à Québec, le père rédemptoriste Raymond-Marie Lavoie a plaidé coupable à des accusations d'agressions sexuelles. Cet ancien surveillant de dortoir au séminaire Saint-Alphonse était accusé d'avoir agressé 13 élèves de 1973 à 1985.

Jean-Claude Bergeron, ancien supérieur provincial de la congrégation rédemptoriste, est aussi accusé d'avoir commis des agressions contre plusieurs élèves dans les années 70 et 80.