Julien Labrie, ce jeune homme qui a égorgé un sans-abri puis lui a coupé l'oreille, a été reconnu coupable de meurtre non prémédité.

De toute évidence, le jury n'a pas cru à sa défense de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.

Assis dans le box des accusés, Julien Labrie n'a pas bronché. Ses parents, qui ont assisté à tout le procès, étaient visiblement secoués.

Le verdict est tombé samedi, troisième journée de délibérations au palais de justice de Montréal.

L'état mental de l'accusé était au coeur du procès. Son avocate, Me Annie Émond, avait admis d'entrée de jeu que son client avait «causé la mort» d'Éric Tremblay, 43 ans.

La psychiatre Marie-Frédérique Allard, qui témoignait à la demande de la défense, avait conclu que le mobile du crime de Julien Labrie était si illogique et irrationnel que cela ne pouvait être l'oeuvre d'un esprit sain, mais bien d'un esprit perturbé. Labrie a raconté aux policiers que, désespéré par son manque de succès auprès des filles et convaincu qu'elles préfèrent les mauvais garçons (thugs), il avait tué une personne au hasard pour réussir à les séduire.

Drogue et hallucinations

En vacances à Montréal avec sa famille, le jeune homme originaire de Sept-Îles a refusé d'accompagner ses parents au cinéma le soir du 26 juin 2009. Pris d'hallucinations après avoir consommé beaucoup de drogue la nuit précédente, selon sa version des faits, il s'est plutôt rendu au square Viger, où il a poignardé à mort un sans-abri endormi sur un banc.

Au procès, la Dre Allard a modifié son diagnostic. Au départ, elle n'avait pas décelé de maladie mentale chez l'accusé et avait conclu à une psychose toxique. Toutefois, après l'avoir rencontré de nouveau à la veille de son témoignage à la cour, elle a conclu qu'il souffrait de schizophrénie puisqu'il se disait encore aux prises avec des hallucinations.

De son côté, le procureur de la Couronne, Thierry Nadon, a fait témoigner le psychiatre Gilles Chamberland en contre-preuve. Julien Labrie pouvait très bien simuler la folie, a estimé le Dr Chamberland. Au moment de commettre le crime, il savait distinguer le bien du mal, a-t-il conclu.

Le Dr Chamberland a appuyé ses conclusions sur certains passages de la déclaration que l'accusé a faite aux enquêteurs le lendemain du meurtre, à savoir qu'il venait d'«ôter la vie» et qu'il savait avoir «mal fait».

Lors de cet interrogatoire, Labrie a raconté qu'il avait poignardé le sans-abri durant «sept secondes» à l'aide d'un petit couteau repliable, qu'il avait ensuite abandonné sur place. Or, au moment du procès, Labrie a plutôt indiqué qu'il avait eu un «black-out» et qu'il ne se souvenait plus des détails de cette soirée fatidique. La juge France Charbonneau a donné au jury le choix de trois verdicts: non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux, homicide involontaire ou meurtre non prémédité. Les plaidoiries sur la peine auront lieu le 4 octobre.