Accusé de corruption de moeurs, Rémy Couture, ce maquilleur spécialisé en horreur, voit son procès devant jury reporté à l'an prochain.

S'il n'en tenait qu'à lui, il n'y aurait pas de procès du tout. L'artiste de 34 ans se sent, bien malgré lui, devenu le porte-étendard de la cause de la liberté d'expression sur le web. Mais pas question de plaider coupable pour autant.

«C'est vraiment très stressant. On dirait qu'on se sert de mon cas pour tester le seuil de tolérance des Québécois et des Canadiens», a-t-il dit à La Presse à sa sortie de la salle de cour, hier, au palais de justice de Montréal.

«Mon procès ne servira à rien. On veut censurer la fiction, alors que l'horreur réelle, de vraies photos de cadavres, de vraies scènes de crimes, se retrouvent partout sur l'internet. Le web, c'est le far west», a ajouté M. Couture, qui continue à travailler comme maquilleur sur des plateaux de tournage depuis son arrestation.

L'accusé fait une analogie entre ceux qui lui reprochent ses oeuvres et ceux qui blâmaient la musique heavy metal pour une vague de suicides chez les adolescents dans les années 80.

La cause a été reportée à sa demande. Insatisfait du travail de son avocat, Me Dominique Bouchard, il a congédié ce dernier à l'aube du procès qui devait débuter le 3 octobre.

Rémy Couture s'est présenté devant la Cour supérieure, hier, aux côtés de ses deux nouveaux avocats, Véronique Robert et Robert Doré, pour expliquer sa demande de report.

Son ancien avocat devait trouver des experts qui viendraient contredire ceux embauchés par la poursuite - un psychiatre et un psychologue, entre autres - au sujet des «normes de tolérance de la société canadienne». Or, il ne l'a pas fait, a expliqué l'accusé, hier, au juge André Vincent.

Le magistrat lui a permis, au nom du droit à une défense pleine et entière, de reporter la cause à janvier prochain.

Rémy Couture, alias RemyFX, fait face à trois accusations de corruption de moeurs par distribution de matériel obscène. Ces accusations concernent des photos et deux courts métrages que l'accusé a mis en ligne sur un site consacré à l'horreur et sur son site personnel. Il y montrait notamment un tueur en série à l'oeuvre. Ses problèmes ont commencé quand Interpol a alerté la police de Montréal en 2009.

La poursuite a mis près d'un an à porter des accusations. Plusieurs artistes, dont l'écrivain Patrick Senécal et le réalisateur Éric Tessier, ont donné publiquement leur appui à l'accusé. S'il est déclaré coupable, il est passible d'une peine maximale de deux ans de prison.