L'enquête sur le meurtre de Diane Grégoire semble progresser rapidement. Elle a mené dernièrement les policiers dans une ferme porcine de Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie. Le corps de la femme de 51 ans, disparue en janvier 2008, pourrait avoir été brûlé dans un incinérateur. Un dur labeur attend les policiers, dont la tâche est de passer au peigne fin un lieu grand comme un terrain de football.

Le producteur Yvon Deslandes soulève le couvercle de son vieil incinérateur de porcs. Le même modèle qu'aurait utilisé l'assassin de Diane Grégoire pour se débarrasser de son corps, dans une ferme voisine de Saint-Valérien-de-Milton en Montérégie.

«Avec ça, on peut brûler des carcasses de 100 livres en une heure», explique Yvon Deslandes, un des nombreux producteurs de porcs des environs. Inutilisé depuis quelques années, son incinérateur rouillé d'environ deux mètres sur un mètre collectionne les toiles d'araignées au fond d'un bâtiment. L'odeur de fumier répandu partout sur le sol environnant donne la nausée. «L'incinérateur servait à brûler les porcs qui mouraient, pendant les chaleurs extrêmes surtout. Il faut connaître ça au minimum pour s'en servir...», ajoute M. Deslandes.

À quelques kilomètres de là, sous un soleil radieux, les recherches policières se poursuivaient, mercredi, pour la 10e journée, aux abords de l'incinérateur de la ferme Shefford. Impossible d'y accéder et même d'entrevoir les fouilles en cours à l'arrière de la porcherie, de la route en gravier où les journalistes et badauds sont refoulés.

En début de semaine, la police a rapporté la découverte d'«items pertinents» sur le gigantesque site de 10 000 pieds carrés. Sous prétexte de ne pas nuire à son enquête, la police refuse de parler de ces mystérieuses trouvailles, actuellement analysées au laboratoire de l'Institut médico-légal de la Sûreté du Québec.

Les policiers sont aussi muets sur les raisons qui les ont conduits à la ferme Shefford, pour la deuxième fois. «Nous avions déjà fait des fouilles au cours de l'enquête. Nous avons récemment eu d'autres informations justifiant des fouilles plus approfondies», résume simplement l'agent Gaétan Durocher, de la police de Longueuil, qui pilote les opérations avec le soutien de la Sûreté du Québec.

Ces nouvelles informations permettent depuis deux semaines à la police d'affirmer hors de tout doute que Diane Grégoire a été assassinée, deux ans et demi après une disparition qui a fait couler des litres d'encre.

Depuis quelques jours, les policiers ont doublé leurs effectifs sur l'enquête. Ils sont présentement une quarantaine à pied d'oeuvre. Des spécialistes de l'identité et des anthropologues judiciaires sont mis à contribution. Le tamisage se fait à la main et à l'aide de pelles mécaniques, un travail de moine qui risque de s'étirer sur plusieurs semaines. «On espère retrouver des fragments d'os, des particules de vêtements, des bijoux, n'importe quoi qui aurait pu appartenir à Mme Grégoire», résume M. Durocher.

«Tout le monde parle de ça»

Dans le voisinage, le branle-bas policier est sur toutes les lèvres et brise la routine de ce paisible village agricole. «Le va-et-vient des voitures n'arrête pas, sans compter les hélicoptères qui survolent l'endroit», raconte Éric Lévesque, dont le terrain voisine la ferme Shefford.

Il dit avoir aperçu une quinzaine de voitures de police se rendant sur les lieux il y a quelques jours, tout juste avant que les policiers annoncent avoir découvert de nouveaux éléments. «On parle de cette histoire partout, au village, dans les restaurants. Ça touche pas mal tout le monde», admet M. Lévesque.

La municipalité de Saint-Valérien-de-Milton compte environ 1700 âmes et est située à l'est de Saint-Hyacinthe. Diane Grégoire habitait avec son mari le village voisin de Saint-Liboire, où elle avait hérité d'une résidence après la mort de son père. Six mois après sa disparition, les policiers avaient passé au crible l'arrière de la résidence du rang du Rapide-Plat Sud, dans l'espoir d'y trouver des indices. Le mari de la disparue, Paul Laplante, venait alors de déménager.

Le principal intéressé n'a encore émis aucun commentaire sur les récents développements entourant la disparition de sa femme, sur les conseils du criminaliste Robert La Haye, qui agit comme avocat-conseil. «Il n'a rien à dire et c'est moi qui lui suggère cela, afin qu'il puisse vivre en paix», a résumé Me La Haye.

Diane Grégoire, 51 ans, s'est volatilisée le 31 janvier 2008. Son mari a raconté aux policiers qu'elle avait décidé de rester dans leur véhicule garé dans le stationnement des Promenades Saint-Bruno, pendant qu'il allait déjeuner dans un restaurant du centre commercial.