Le président et unique actionnaire du Groupe PR Maintenance, Pierre Robitaille, aurait empoché des sommes sans l'autorisation de l'organisme gouvernemental qui le finance, le FIER-CPVC.

La semaine dernière, le FIER a intenté au palais de justice de Montréal une poursuite contre PR Maintenance et Pierre Robitaille. Il lui reproche d'avoir manqué à certaines conditions de financement. Notamment, PR Maintenance aurait versé 1,7 million de dollars à Pierre Robitaille «sans avoir obtenu l'autorisation écrite de FIER-CPVC». Compte tenu de ces manquements, le FIER réclame que l'entreprise lui rembourse la totalité de ses prêts de 2006 et 2008, soit 2,5 millions.

BCIA et Benoit Corbeil

FIER est l'acronyme de Fonds d'intervention économique régionaux. Il existe plusieurs FIER au Québec, dont le FIER-CPVC. Ces organismes sont financés aux deux tiers par Investissement Québec, le bras financier du gouvernement.

PR Maintenance et son président ont fait les manchettes en mai 2010 dans la foulée de l'affaire BCIA, agence de sécurité propriété de Luigi Coretti. PR avait offert de racheter la totalité de l'agence - également financée par des FIER -, mais la transaction a avorté et BCIA a déclaré faillite.

PR Maintenance comptait alors dans son équipe l'ancien président du Parti libéral fédéral, Benoit Corbeil, l'un des acteurs du scandale des commandites, condamné au criminel pour fraude et trafic d'influence. L'an dernier, La Presse avait révélé que PR Maintenance avait obtenu plusieurs contrats gouvernementaux après l'embauche de Benoit Corbeil, en 2005.

3000 employés

En mai 2010, PR Maintenance a déclaré un chiffre d'affaires de près de 100 millions et disait compter 3000 employés. L'entreprise offre des services d'entretien ménager aux établissements commerciaux, industriels et institutionnels.

La requête concerne deux prêts faits en 2006 et 2008. En plus de verser à Pierre Robitaille des sommes apparemment indues, le groupe n'aurait pas respecté certaines exigences financières entourant l'une de ses affiliées, Dist PRI.

Selon la poursuite, Dist PRI a fusionné avec deux autres entreprises «sans avoir préalablement obtenu l'autorisation écrite du FIER-CPVC» comme l'exigent les contrats d'emprunt. Le Groupe PR a également manqué aux conditions imposées par d'autres créanciers garantis, selon la requête.

Les manquements de PR envers le FIER-CPVC datent de plus de deux ans, indique la requête. Une mise en demeure avait été faite en août 2009, mais le FIER n'a décidé de poursuivre que la semaine dernière. L'avocat du FIER-CPVC, Éric Préfontaine, n'a pas voulu justifier ce délai de deux ans entre la mise en demeure et la poursuite.

À Investissement Québec, on est bien au fait du dossier. «Quand une entreprise fait une avance à un tiers à même les fonds du FIER-CPVC, elle doit d'abord avoir la permission du FIER-CPVC. Par exemple, si l'entreprise PR veut verser un dividende à son actionnaire, elle doit d'abord avoir l'autorisation», a expliqué Chantal Corbeil, porte-parole d'Investissement Québec.

«On ne considère pas ça comme un détournement de fonds, mais comme un manquement à la convention», dit-elle.

Pierre Robitaille n'a pas voulu s'entretenir avec La Presse, mais l'entreprise a transmis un courriel, en fin de journée, dans lequel on lit: «Les négociations entre PR Maintenance et FIER CPVC Montréal se poursuivent toujours et nous sommes confiants de pouvoir en arriver à la conclusion d'une entente satisfaisante pour les parties impliquées.»