La Couronne compte demander une lourde peine de pénitencier pour Ronald Chicoine, cet as de la fraude qui a financé un grand réseau de fausses factures dans l'industrie de la construction, en 2007 et 2008.

Après de longs pourparlers, l'homme de 58 ans a plaidé coupable, jeudi, à diverses accusations, notamment de gangstérisme, de fraude et de blanchiment d'argent.

M. Chicoine contrôlait le centre d'encaissement de chèques Crédit Fonds Lanaudière, dont le chiffre d'affaires était composé à 65% de chèques émis à des sociétés coquilles. En fait, cette entreprise créait des contrats de sous-traitance fictifs dans le but d'obtenir des remboursements de taxes.

Ces «contrats» étaient ensuite vendus aux entrepreneurs en construction. La fraude envers le fisc est évaluée à quatre millions de dollars.

Le plaidoyer de M. Chicoine intervient à moins de trois semaines de l'ouverture du procès qu'il devait subir avec une dizaine de coaccusés, dont le notaire Gilles Saint-Pierre, radié provisoirement.

Le procès se tiendra donc en l'absence du grand manitou de l'opération.

Autre dossier

Jeudi, M. Chicoine a réglé un autre dossier, pour lequel il devait subir son enquête préliminaire en 2012 avec d'autres accusés.

Il s'agit de fraudes à l'égard du fisc pour une somme de 12 millions (14,4 millions en comptant les intérêts), qui ont eu cours de 1996 à 2009.

À la tête d'une entreprise de prêts d'argent (Société financière Speedo), M. Chicoine a créé des entreprises fictives à l'étranger pour ne pas avoir à payer les charges fiscales liées aux activités de cette société.

En façade, Speedo prêtait en toute légalité de l'argent à des citoyens et à des entreprises, principalement des chauffeurs de taxi. Mais derrière ce paravent, la société recevait des fonds illicites, dont certains provenaient de cellules liées au crime organisé.

Les sommes recueillies par le réseau de Chicoine étaient mises à l'abri du fisc dans des entreprises fictives en Europe, ainsi qu'aux Bahamas pendant un certain temps.

Dans le cadre de cette affaire, des ordonnances de blocage ont été produites sur les actifs de Speedo, des comptes bancaires en Suisse et au Canada, ainsi que sur des immeubles à Saint-Hubert et à Montréal. La valeur totale de ces actifs était estimée à 48 millions au départ, en 2010, mais elle aurait été revue à la baisse depuis.

M. Chicoine, qui est détenu depuis 2010, doit revenir devant le tribunal le 13 octobre pour les représentations sur la peine. Le procureur de la Couronne Claude Girard a indiqué qu'il n'y avait pas de suggestion commune. L'accusé est représenté par Me Christiane Filteau et n'a pas d'antécédent judiciaire. En 2003, il a été accusé de complot, de blanchiment d'argent et d'évasion fiscale. Mais deux ans plus tard, les accusations ont été levées, et seule son entreprise a plaidé coupable. Elle s'est vue imposer une amende de 2,7 millions, qui a été acquittée.