Vic Toews estime que la liste de personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes de guerre au Canada pourrait être élargie et comprendre également des crimes commis par des étrangers et sanctionnés par le Code criminel.

«Je sais que nous aurions l'appui des forces de l'ordre locales, qui veulent, tout autant que (l'Agence des services frontaliers du Canada), voir certaines de ces personnes être expulsées», a affirmé, mardi, à Winnipeg, le ministre fédéral de la Sécurité publique.

M. Toews a fait cette déclaration après avoir annoncé qu'une troisième personne soupçonnée de complicité à un crime de guerre ou à un crime contre l'humanité avait été arrêtée en moins d'une semaine.

Lundi, le Péruvien Manuel De La Torre Herrera, âgé de 58 ans, a été retrouvé dans la région de Toronto, puis emprisonné.

Un représentant de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a indiqué que M. De La Torre Herrera se cachait depuis 2004, soit depuis que sa demande de statut de réfugié avait été refusée et que sa déportation avait été ordonnée en raison de son implication présumée dans des cas de violations des droits de la personne commises par un ancien gouvernement péruvien.

«Il est disparu (...), et maintenant, grâce à cette procédure (la liste de l'ASFC), nous avons réussi à le retrouver», a expliqué Al Johns, un directeur régional par intérim de l'ASFC.

Vic Toews a affirmé que Manuel De La Torre Herrera n'avait pas occupé un poste de grande importance au sein du gouvernement péruvien, sans toutefois en dire davantage.

Le gouvernement péruvien en question est celui d'Alberto Fujimori, qui a dirigé le Pérou de 1990 à 2000 et a été critiqué par des groupes, Amnistie Internationale, pour le traitement réservé à des prisonniers. En 2009, alors en fuite au Japon, Fujimori a été condamné par contumace par un tribunal de crimes contre l'humanité péruvien.

Jeudi dernier, le ministre Toews et son homologue de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, Jason Kenney, avaient annoncé la publication, sur le site Web de l'ASFC, d'une liste de 30 personnes soupçonnées de complicité à un crime de guerre ou à un crime contre l'humanité et qui pouvaient se cacher au Canada. Les ministres avaient alors demandé l'aide des Canadiens pour retrouver ces présumés criminels.

Le lendemain, l'arrestation de Cristobal Gonzalez-Ramirez, un homme de 44 ans accusé d'avoir été membre d'une unité spéciale de l'armée du Honduras, était annoncée.

Et le surlendemain, Arshad Muhammad, un homme de 42 ans, était arrêté à Mississauga, en Ontario, après avoir été reconnu par un policier dans un commerce. Selon l'ASFC, Muhammad a été lié à une organisation islamiste au Pakistan impliquée dans des attentats terroristes.

Selon Vic Toews, les informations provenant du public sont nombreuses. Le ministre n'était toutefois pas en mesure de fournir des données à cet égard.

Les succès qui ont suivi la publication de la liste de l'ASFC signifient que le gouvernement pourrait inclure des personnes visées par un ordre de déportation pour des crimes sanctionnés par le Code criminel et dont la trace a été perdue, a indiqué M. Toews.

Le ministre a toutefois ajouté qu'il fallait tout d'abord évaluer l'efficacité d'une telle mesure et vérifier s'il était possible de la mettre en oeuvre pour des crimes relevant du Code criminel.