Sans être surpris par la décision de resserrer les règles pour l'obtention d'un pardon au Canada, le Centre du Pardon National estime que les statistiques de récidive ne justifient pas les décisions prises par le gouvernement de Stephen Harper dans ce dossier.

Son porte-parole, Shereef Elshafei, réagissait ainsi aux informations publiées lundi dans La Presse soulignant que, depuis le 1er juillet 2010, date où les règles ont été resserrées, moins du tiers des demandeurs sont parvenus à faire suspendre leur casier judiciaire par la Commission des libérations conditionnelles, soit 8206 sur 28 020. L'année précédente, soit en 2009, plus de 25 000 demandeurs avaient obtenu leur pardon, soit le triple.

Selon la Commission, une grande majorité de demandes ne répondaient pas à la nouvelle exigence de fournir des renseignements qui démontrent clairement comment un pardon apporterait au demandeur un bénéfice mesurable, qui soutiendrait sa réadaptation.

M. Elshafei estime qu'en agissant de la sorte, les conservateurs punissent l'ensemble des personnes en attente d'un pardon plutôt que la minorité que représentent les auteurs de crimes sexuels et graves.

Citant des données du site Internet de Sécurité publique Canada, il rappelle que depuis 1970, seulement 2,6 pour cent des délinquants sexuels qui ont obtenu un pardon ont vu celui-ci révoqué pour cause de récidive, soit un taux inférieur à celui de l'ensemble des criminels, qui se situe à 3 pour cent.

Selon le Centre National du Pardon, le système qui était en place avant juillet 2010 dernier était efficace. De plus, il aurait été possible de resserrer les règles uniquement pour certaines catégories de criminels.

L'obtention du pardon n'efface pas le casier judiciaire mais permet de le suspendre pour qu'il n'apparaisse plus lors d'une vérification de routine.