L'un des hommes les plus recherchés par la Chine était en instance d'expulsion jeudi au Canada, dans l'attente du dénouement de cette saga judiciaire vieille de douze ans, ont indiqué les autorités.

«Je peux confirmer qu'il est toujours en détention», a déclaré à l'AFP Shakila Manzoor, porte-parole de l'Agence des services frontaliers du Canada au sujet de ce fugitif, Lai Changxing.

Cet ex-homme d'affaires originaire de la province méridionale du Fujian est arrivé au Canada avec sa famille en 1999, après avoir fui la Chine où il était accusé d'être le cerveau d'un réseau ayant écoulé des milliards de dollars de marchandises de contrebande et corrompu des responsables locaux.

Les autorités canadiennes ont toujours refusé de lui accorder le statut de réfugié et l'ont arrêté au début du mois dans le but de l'expulser après des années de rebondissements judiciaires.

Ses avocats estiment, contrairement aux autorités canadiennes, qu'il risque d'être torturé s'il est renvoyé en Chine. Des audiences sont prévues lundi concernant sa détention et jeudi sur «l'examen des risques avant renvoi», une procédure visant à évaluer les éventuels dangers de son renvoi en Chine, a indiqué à l'AFP son avocat David Matas.

Or seule cette seconde procédure peut empêcher l'expulsion de Lai Changxing le 25 juillet, a souligné M. Matas. Si ce dernier convainc les autorités de surseoir à l'expulsion, alors Lai Changxing pourrait rester au Canada pendant la suite des procédures sur les risques de son renvoi.

Cette affaire pourrait faire l'objet de discussions dès samedi lors de la visite à Pékin du chef de la diplomatie canadienne, John Baird, qui souhaite encore améliorer les relations entre les deux pays.

«Il serait déplacé» de commenter ce dossier spécifique, car il est devant la justice, a indiqué cette semaine un haut responsable gouvernemental lors d'un exposé sur la visite de M. Baird en Chine. «Toutefois, je peux vous dire qu'en règle générale, le Canada n'est pas un sanctuaire pour les fugitifs», a ajouté ce responsable sous couvert de l'anonymat.

«Ça ne serait pas une bonne idée pour la Chine de maltraiter une personne aussi connue», a dit à l'AFP Jeremy Brown, historien à l'Université Simon Fraser, à Vancouver.

Lai Changxing «n'a aucun statut au Canada (...) une fois qu'il est renvoyé, le Canada n'a plus aucune obligation envers lui», a souligné M. Brown.