Ce n'est pas la colère qui animait Guy Turcotte quand il a tué ses enfants, comme le prétend la Couronne. C'est la maladie mentale, qui troublait son cerveau au point de l'empêcher de réaliser la nature de ses actes.

C'est ce que Me Pierre Poupart a continué de plaider vigoureusement, hier, au procès de son client, accusé du meurtre prémédité de ses enfants. Le drame est survenu dans un contexte de séparation, le 20 février 2009. Olivier, 5 ans, a reçu 27 coups de couteau, tandis qu'Anne-Sophie, 3 ans, en a reçu 17. «Paradoxalement, l'horreur des gestes renforce la non-responsabilité criminelle», a soutenu l'avocat.

Me Poupart en a long à dire au jury de quatre hommes et sept femmes. Il plaide depuis lundi et n'a pas encore fini. Pendant ces trois jours, il a repris chacun des témoignages pour faire des liens, mettre en évidence des indices qu'il considère comme révélateurs et faire ressortir la fragilité mentale de son client. Hier matin, il a décortiqué le témoignage de l'accusé, qui avait duré plusieurs jours. Hier après-midi, l'avocat s'est attaqué au rapport du psychiatre retenu par la Couronne, qu'il a descendu en flammes.

Les trois psychiatres appelés à se prononcer sur l'état d'esprit de M. Turcotte (deux pour la défense et un pour la Couronne) s'entendent sur le fait qu'il souffrait de trouble d'adaptation avec anxiété et humeur dépressive quand il a commis ses terribles gestes. Mais seul celui de la Couronne, le Dr Sylvain Faucher, est d'avis que cela n'empêchait pas M. Turcotte de connaître la nature et la portée de ses gestes. Me Poupart s'est insurgé contre cette conclusion: «Il a décidé d'avance que ça ne se pouvait pas, un trouble d'adaptation qui amène un jugement à zéro. Le jugement n'est jamais à zéro dans un trouble d'adaptation. Ma base est indiscutable, vous la prenez parce que c'est comme ça», a-t-il martelé. Il a reproché au psychiatre de ne pas avoir cité de littérature particulière à ce sujet.

Quatre verdicts possibles

Hier, le juge Marc David a annoncé au jury qu'il allait ouvrir quatre possibilités de verdict pour fixer le sort de M. Turcotte: non-responsabilité criminelle en raison de troubles mentaux, meurtre prémédité, meurtre non prémédité et homicide involontaire coupable.

Le procès, qui a commencé à la mi-avril et qui devait durer de six à huit semaines, est finalement beaucoup plus long que prévu. L'horaire a d'ailleurs encore été réaménagé, hier. Me Poupart continuera de plaider aujourd'hui. Il y aura relâche pour la Saint-Jean, ainsi que lundi et mardi prochains, en raison d'empêchements de membres du jury. Mercredi prochain, ce sera au tour de la Couronne de plaider. Le juge Marc David donnera ensuite ses directives au jury, ce qui devrait se faire jeudi à moins d'autres changements.