Deux représentants du gouvernement du Canada devraient aujourd'hui rendre visite à Nathalie Morin, Québécoise enfermée par son mari en Arabie Saoudite depuis cinq ans dans un appartement délabré avec leurs trois jeunes enfants. Selon Johanne Durocher, mère de Mme Morin, deux employés de l'ambassade du Canada sont également censés se rendre au poste de police de Dammam, ville où vit le couple, pour éclaircir les accusations d'enlèvement d'enfants qui pèsent maintenant contre elle.

Au moment de mettre sous presse, le ministère des Affaires étrangères ne nous avait pas rappelés pour confirmer ces informations. «En conjonction avec les autorités saoudiennes, les agents consulaires souhaitent que Mme Morin et son mari en viennent à une entente afin de résoudre ce cas de façon positive», s'est-on limité à dire dans un courriel laconique de trois phrases.

Comparution annulée ou reportée?

Selon les premières informations transmises à Johanne Durocher, Nathalie Morin devait comparaître dimanche devant la justice saoudienne pour connaître la date de son procès. Il semble maintenant que la comparution ait été annulée ou reportée. «Tout ce que je sais, c'est qu'elle n'est pas allée devant le juge. J'attends de savoir si la plainte a été retirée ou si elle a simplement été retardée. Nous sommes dans le flou. Des représentants du gouvernement sont censés se rendre au poste de police lundi matin pour éclaircir tout cela», a affirmé Mme Durocher, jointe dimanche en fin de journée.

Pour l'instant, le ministère des Affaires étrangères ne confirme pas son arrestation.

Nathalie Morin a 27 ans. Elle a rencontré son mari, Saïd al-Shahrani, à 17 ans dans une pizzéria de Montréal. Elle tombe enceinte après un mois. Après la naissance de leur premier enfant, M. al-Shahrani retourne en Arabie Saoudite, car il est expulsé du Canada pour une affaire d'agression. Nathalie finit par le rejoindre avec leur fils, et elle est maltraitée et coupée du monde.

Il y a environ deux semaines, Saïd al-Shahrani quitte leur appartement pour assister à un mariage dans une autre région du pays. Il laisse Mme Morin et leurs trois enfants derrière avec peu de provisions pour se nourrir. Informée de la situation, Mme Durocher fait appel à une écrivaine féministe de la région pour qu'elle apporte 300$ à sa fille et lui aide à faire ses courses. À l'aide d'une clé fabriquée secrètement par Mme Durocher lors de sa dernière visite en Arabie Saoudite, la jeune Québécoise parvient à sortir de l'appartement avec les trois enfants. Dans la rue, elle croise son mari qui est déjà dans une auto de police. Les autorités l'interrogent deux jours plus tard et lui apprennent qu'elle sera accusée de tentative d'enlèvement.

La semaine dernière, l'Assemblée nationale a déposé une motion exhortant Ottawa à intervenir auprès des autorités saoudiennes. Le premier ministre Jean Charest s'est dit «extrêmement préoccupé» par cette affaire.