L'incident meurtrier survenu à Montréal mardi pourrait accélérer la révision du processus d'enquête sur des policiers qui sont impliqués dans des événements qui tournent mal.

Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, a indiqué jeudi à l'Assemblée nationale qu'il envisage toutes les options pour faire la lumière sur cette affaire.

«Je suis très ouvert à trouver la meilleure solution possible, a déclaré le ministre. Il faut que l'apparence de justice règne de ce côté.»

Mardi, une opération policière visant à contrôler un individu au passé psychiatrique qui était en crise s'est soldée par la mort de ce dernier, Mario Hamel, âgé de 40 ans, et de Patrick Limoges, un passant de 36 ans qui a été atteint d'une balle perdue alors qu'il se rendait à son travail.

Selon les premiers éléments de l'enquête, qui a été confiée à la Sûreté du Québec, trois balles ont été tirées par les policiers montréalais lors de cette opération.

En Chambre, le député péquiste de Verchères, Stéphane Bergeron, a souligné que le fait de confier l'enquête à un autre corps policier pouvait nuire à l'apparence de justice.

«Il faut nous assurer que l'enquête qui sera menée soit au-dessus de tout soupçon. Il en va de la réputation des policières et policiers québécois et de l'image de la justice au Québec, déjà passablement mise à mal au cours des derniers mois», a lancé le porte-parole péquiste en matière de sécurité publique.

Le ministre Dutil a d'abord rappelé qu'il cherchait une solution à cette problématique depuis son entrée en fonction, tout en faisant valoir que les expériences tentées ailleurs n'avaient pas été concluantes.

«Si tout était évident et les autres formules existantes ailleurs donnaient les résultats prévus, des résultats adéquats, ce serait une réponse facile, a rétorqué M. Dutil. J'ai examiné ce qui se passe en Ontario, je regarde ce qu'on nous recommande dans divers milieux. (...) Si la solution était simple, facile et aussi limpide qu'il veut bien la présenter, elle serait déjà prise.»

M. Dutil a cependant dit avoir l'intention de mettre toutes ses énergies à trouver une meilleure solution.

«Nous avons affaire à une situation tout à fait exceptionnelle. Il y a un innocent qui a perdu la vie dans cette affaire et je n'exclus aucune façon de procéder qui pourrait assurer une plus grande transparence, tout en étant équitable envers toutes les parties et en reconnaissant la difficulté que le travail des policiers implique dans diverses situations», a dit le ministre.

Pendant ce temps, le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, a émis un premier commentaire sur les événements par voie de communiqué.

«Nos pensées accompagnent les proches des personnes impliquées ainsi que les policiers qui se sont retrouvés au coeur des événements et qui auront à surmonter cette épreuve», écrit le président de la Fraternité.

Il ajoute que ces événements «reflètent tristement la dure réalité» à laquelle les policiers montréalais sont confrontés et poursuit en reprenant l'argument qu'il invoque constamment en marge des actuelles négociations pour justifier les demandes salariales du syndicat.

«Notre tâche est plus complexe et plus intense que n'importe où ailleurs au Québec. Les policiers et policières de la métropole sont en première ligne et doivent souvent répondre très rapidement à des situations exceptionnelles», conclut M. Francoeur.