Faut-il créer un organisme indépendant pour mener les enquêtes sur les policiers, comme le suggère la protectrice du citoyen? Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, ne ferme pas complètement la porte, sans être très enthousiaste. «En Ontario, ils ont cela. (La protectrice du citoyen) s'est penchée sur le fait que ce sont encore des policiers qui enquêtent (sur des policiers). On a reçu une cinquantaine de recommandations du comité. On regarde cela pour voir de quelle façon on pourrait s'ajuster avec une formule qui fonctionnerait», a-t-il indiqué. Il a ajouté que la méthode de l'Ontario a «ses limites et ses difficultés».

Dans son rapport publié en février 2010, la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, a particulièrement critiqué l'enquête sur la mort de Fredy Villanueva. Les policiers n'avaient pas été isolés avant de faire leur déposition, ce qui aurait pu leur permettre de faire concorder leurs versions des faits. «Avant de bouger», M. Dutil souhaite attendre le rapport du coroner sur cette affaire. «Malheureusement, je n'ai pas encore ce rapport», dit-il.

Le ministre se dit «éberlué» par la mort de deux hommes, dont un simple passant, abattus mardi matin par des policiers en plein centre-ville. «Je sympathise beaucoup avec la mort de cette personne tout à fait innocente», a-t-il déclaré.

Pas de hausse

Il s'agit du 16e incident cette année au Québec où des policiers utilisent leur arme de service. «Il y en avait eu 30 l'année dernière. Donc on ne peut pas dire qu'il y ait une hausse. [...] Dans sa carrière, un policier a très peu de chances de tirer un coup de feu», rappelle M. Dutil. Il estime que les policiers sont «bien formés» et «bien équipés» pour accomplir leur travail.

Le drame révèle-t-il un manque d'encadrement des personnes qui souffrent de maladie mentale? «Il faut regarder en profondeur, effectivement», a-t-il répondu.