Philistin Paul, surnommé «Crazy» dans le milieu des gangs de rue, a été condamné à huit ans de prison, mardi, pour avoir tiré sur Beauvoir Jean, le fondateur des Master B.



Paul a fait feu sur sa victime en plein jour, devant une vingtaine de témoins, au coeur d'un secteur populaire de Montréal. Il s'agit d'un facteur aggravant, a insisté le juge de la Cour du Québec Jean-Paul Braun, mardi, au moment de prononcer cette peine au palais de justice de Montréal.

Le 4 juin 2010, Philistin Paul a tiré sur Beauvoir Jean, sans toutefois l'atteindre. Au procès, personne n'a voulu témoigner contre l'accusé de 32 ans, à l'exception de Jean, qui incriminera Paul pour ensuite changer sa version des faits.

La raison du conflit entre les deux hommes n'a jamais été précisée. Jean a justifié sa volte-face par le fait qu'il est aujourd'hui devenu travailleur de rue. Il ne voulait plus témoigner contre Paul pour éviter de passer pour un délateur aux yeux des jeunes de Montréal-Nord et ainsi perdre leur confiance, a-t-il expliqué.

Au terme du procès, Paul a été acquitté de la tentative de meurtre à l'endroit de ce vétéran des gangs de rue montréalais, mais reconnu coupable d'avoir déchargé une arme à feu sans se soucier de la sécurité d'autrui. Il était déjà sous le coup d'une interdiction à vie de posséder des armes à feu.

Compte tenu du temps que l'accusé a passé en détention préventive, il lui reste sept ans de prison à purger.

Une feuille de route bien remplie

Philistin Paul est connu des policiers depuis son adolescence. À 16 ans, il s'est présenté à une partie de basketball organisée au cégep Marie-Victorin armé d'une carabine tronquée. Il a tiré sur un membre d'un gang rival, les CDP, qui assistait au match.

L'adolescent voulait alors venger l'assassinat d'un membre de son gang, les Bad Boys, survenu l'année précédente, selon un document judiciaire produit en preuve.

Un expert en gangs de rue du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a dénombré neuf incidents de violence dans lesquels Paul a été impliqué pour prouver sa fidélité à un gang de rue d'allégeance rouge. La majorité des membres de sa famille ont eu des démêlés avec la justice.

Tout cela est relaté dans le profil criminel de l'accusé qui avait été produit en preuve au moment des plaidoiries sur la peine.

Le juge Braun n'a toutefois pas considéré l'adhésion à un gang de rue comme un facteur aggravant.

La poursuite, représentée par Me Martin Joly, réclamait une peine de plus de cinq ans de prison, sans préciser le nombre exact d'années. De son côté, la défense, représentée par Me Alexandre Goyette, suggérait la peine minimale prévue dans le Code criminel, soit cinq ans d'emprisonnement.

S'il n'a pas atteint Jean, l'accusé s'est toutefois tiré dans la cuisse en glissant son arme dans sa ceinture. Ce n'est pas la première fois que cela lui arrive. En 2008, il a été victime d'une tentative de meurtre au bar Le Ritz, en raison d'un conflit avec la mafia italienne. Il a alors voulu riposter en sortant l'arme qu'il cachait dans son pantalon. Or, il s'est plutôt tiré dans les parties génitales.