Inquiet d'être sans nouvelles de Natasha Cournoyer depuis près de 24 heures, Michel Trottier s'est rendu dans le stationnement de la Place Laval, l'après-midi du 2 octobre 2009. Il a alors constaté avec stupeur que la Mazda 3 de sa copine s'y trouvait encore.

Michel Trottier a remarqué des traces de «frottement» sur la portière de la voiture, côté conducteur. Au sol, il y avait un «pic» dans le gravier, comme si quelqu'un avait donné un coup de talon.

Après avoir appelé la meilleure amie de sa copine, Michel Trottier, rongé par l'inquiétude, a alerté la police. «J'étais en état de choc, complètement», a-t-il relaté mardi au procès de Claude Larouche, accusé du meurtre prémédité de Natasha Cournoyer.

Michel Trottier, 33 ans, a raconté en détail les événements survenus le jour et le lendemain de la disparition de Natasha Cournoyer, cette fonctionnaire du Service correctionnel du Canada qui aurait été enlevée vers 20h le 1er octobre en quittant son travail, à la Place Laval.

Le matin du 1er octobre, Michel Trottier lui avait envoyé un courriel dans lequel il exprimait ses émotions au sujet de leur relation. Depuis quelques mois, le couple, qui s'était déjà séparé par le passé, se «remettait en question», selon M. Trottier.

Il a parlé à sa copine pour la dernière fois en fin d'après-midi. À partir de 20h, il a essayé de la joindre chaque demi-heure jusqu'à ce qu'il aille se coucher, vers 23h, mais ses appels et ses messages texte sont demeurés sans réponse.

Michel Trottier l'a rappelée une autre fois vers 3h du matin. Encore là, il est tombé sur la boîte vocale après plusieurs sonneries, ce qui a commencé à l'inquiéter. «Quand elle se couchait, elle fermait son téléphone», a-t-il souligné.

Vers 11h, le lendemain, Michel Trottier a décidé de partir à sa recherche. Il est allé à son condo de Piedmont, mais personne n'y était. Il s'est ensuite rendu chez la mère de Natasha Cournoyer, à Anjou, puis dans le stationnement de la Place Laval.

Michel Trottier a refoulé un sanglot lorsque la procureure de la Couronne, Éliane Perreault, lui a demandé qui était Natasha Cournoyer. «C'était une femme qui travaillait beaucoup, qui aimait son travail, a-t-il dit. C'était une femme ambitieuse, qui avait des projets.»

Analyse des téléphones

À la demande des autorités, la compagnie Rogers a analysé les numéros des téléphones cellulaires de Michel Trottier et de Natasha Cournoyer, le 3 octobre 2009. Cette analyse a permis de déterminer dans quels secteurs les appareils se trouvaient lorsqu'ils ont effectué ou reçu des appels dans les heures précédant et suivant la disparition.

Le rapport de Rogers sur le téléphone de Michel Trottier a corroboré le parcours qu'il dit avoir suivi au lendemain de la disparition de sa copine. Quant au cellulaire de Natasha Cournoyer, l'analyse tend à démontrer qu'il est resté dans les environs de Laval.

De 21h à minuit, le 1er octobre, une tour cellulaire située dans Pont-Viau a capté le signal de l'appareil de la victime, selon une experte de la compagnie Rogers qui a témoigné mardi. La victime avait reçu des messages textes. Interrogée par la poursuite, l'experte a convenu que le téléphone pouvait aussi bien se trouver à la Place Laval qu'au motel Lido, où l'accusé avait loué un chambre le soir de la disparition.

Un autre signal a été capté à 7h30, le lendemain, par une tour située à proximité du pont Papineau, à moins de deux kilomètres de l'autre tour. Le téléphone, qui n'a jamais été retrouvé, s'est vraisemblablement déchargé par la suite.

Rappelons que le corps de Natasha Cournoyer a été découvert le 6 octobre 2009 dans le terrain vague de Pointe-aux-Trembles. Claude Larouche, 49 ans, a été arrêté un mois plus tard à son appartement du quartier Ahuntsic, à Montréal. Selon la Couronne, l'accusé a enlevé, ligoté, violé et étranglé la victime pour obtenir «une gratification sexuelle».

Le procès de Claude Larouche reprend lundi.