Des dizaines de pages d'un dossier secret sur l'ancien premier ministre de la Saskatchewan et icône néo-démocrate Tommy Douglas ont mystérieusement disparu, a appris La Presse Canadienne, dimanche.

L'absence de certaines parties du document de 1142 pages a été révélée au cours d'une bataille juridique, alors que le gouvernement fédéral refusait de dévoiler entièrement ce dossier sur M. Douglas, compilé il y a plusieurs dizaines d'années par la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Bibliothèque et Archives du Canada, qui détient le dossier sur cet ancien leader fédéral du Nouveau Parti démocratique (NPD), avait d'abord fourni à La Presse Canadienne quelque 450 pages seulement, dont plusieurs passages avaient été censurés. L'agence de presse avait formulé une demande en vertu de la Loi d'accès à l'information.

Le gouvernement fédéral avait par la suite accepté de lever partiellement le voile de mystère entourant le dossier, une semaine seulement avant qu'un tribunal ne tienne une audience sur cette affaire, en février. Près de 400 pages supplémentaires avaient été fournies, dans le cadre d'un assouplissement de la politique sur le dévoilement de documents historiques.

Un avocat de La Presse Canadienne a alors constaté qu'environ 40 pages du document avaient disparu.

Ni le Service de renseignement de sécurité du Canada (SCRS), qui avait transféré le dossier à Bibliothèque et Archives en 2000, ni cette dernière ne semblaient avoir réalisé cette disparition.

Le gouvernement fédéral a assuré à la Cour fédérale qu'«aucune mesure» n'avait été prise pour retirer les pages concernées avant de répondre à la demande d'accès de La Presse Canadienne.

Le matériel fourni jusqu'à présent démontre que la GRC a espionné M. Douglas pendant plus de trente ans. Ses liens avec le mouvement pacifique et des membres du Parti communiste semblaient d'un intérêt particulier pour les enquêteurs.

La GRC a été responsable des enquêtes sur la sécurité interne jusqu'en 1984, alors qu'une série de scandales avait entraîné la création du Service canadien de renseignement de sécurité.